Le Chant d’Auricularia et autres nouvelles

Hors manga, dont une partie de la production foisonnante arrive régulièrement par chez nous, comment se porte la science-fiction nippone ? Hormis le premier tome de Du Nouveau Monde paru au printemps (et qui n’est pas franchement une nouveauté) et quelques autres textes se cachant surtout en littérature blanche, les traductions restent assez peu nombreuses. Heureusement, après La Machine à indifférence et autres nouvelles, Denis Taillandier et Tony Sanchez proposent un nouveau recueil d’histoires courtes chez Atelier Akatombo. Celui-ci, Le Chant d’Auricularia et autres nouvelles, offre sept textes variés mêlants voyages temporels (Papillon de Glace, Graf Zeppelin), horreur (Le Chant d’Auricularia, Midi et un dixième de seconde), postapocalyptique (On a grandi en mangeant Tokyo), cyberpunk (Living of the Dead) et autres rencontres avec des extra-terrestres (Étoiles filantes). Mais toujours avec un pas de côté qui à mi-chemin de la nouvelle surprend avec délice quand elles réussissent à faire mouche. En effet, j’avoue que deux nouvelles sur les sept présentées m’ont fermement ennuyée. Living of the Dead de Kazuhito Funato, croisement improbable entre Laura ou la passion du théâtre et Psycho-Pass où le contrôle émotionnel est tel qu’on ressent pour les autres avant de ressentir pour soi m’a laissé indifférente tellement le texte manquait… de relief émotionnel. Et Étoiles filantes de Miyuki Miyabe aurait pu me plaire si l’histoire ne mettait pas aussi longtemps à démarrer et si le retournement n’avait pas été lu, relu, vu et revu de multiples fois dans la science-fiction depuis au moins les années 50 (et il me semble qu’une nouvelle plus ancienne de H.P. Lovecraft l’utilise également). Parmi les cinq autres, Le Chant d’Auricularia et son horreur finalement si séduisante pour les protagonistes ou Papillon de Glace et son twist temporel m’ont particulièrement réjoui. Et le gore sans complexe de Midi et un dixième de seconde m’a fait rire. On a grandi en mangeant Tokyo reste finalement assez classique et gentillet, avec une petite touche Les promeneuses de l’Apocalypse, mais comme il y a des méchas, ne boudons pas notre plaisir…
Vous l’aurez compris, ce recueil vous propose un peu de tout en terme
s de science-fiction et peut séduire un grand nombre de lecteurs attirés par des textes très différents les uns des autres. Et notons que, contrairement au recueil précédent, les autrices sont bien représentées avec quatre nouvelles sur sept. Une belle découverte.

Le Chant d’Auricularia et autres nouvelles
d
e Sayuri Ueda, Takashi Kurata, Miyuki Miyabe, Nirô Katase, Kazuhito Funato, Shinobu Suga et Fumio Takano
Traduction de Denis Taillandier et Tony Sanchez

Éditions 
Atelier Akatombo

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