Il suffit que deux connaissances mentionnent l’existence d’une série de romans à mi-chemin entre le cycle d’Ambre et les Garrett, détective privé de Glen Cook pour que ma curiosité soit éveillée. Et ni une, ni deux, je me suis penchée sur la question et procuré quelques livres de la saga (17 volumes déjà parus) de Vlad Taltos, par Steven Brust.
Fort heureusement, en version originale, la moitié des livres a été regroupée dans des recueils de deux ou trois romans. The Book of Jhereg rassemble ainsi, en près de 600 pages sur liseuse, les trois premières histoires : Jhereg (écrite en 1983), Yendi (écrite en 1984) et Teckla (écrite en 1987). Elles ne correspondent pas à l’ordre chronologique des événements dans la vie du narrateur. Auquel cas il faudrait commencer par Yendi, puis lire Jhereg et enfin Teckla.
Contrairement à ce que son nom semble indiquer, Vlad Taltos n’est ni un vampire ni un esprit maléfique. C’est un humain vivant dans la capitale d’un empire où ceux-ci sont en minorité face aux Dragaerans, humanoïdes de plus grandes tailles aux oreilles pointues et d’une durée de vie bien plus longue. Son père ayant acheté sa place dans l’une des grandes maisons dragaerans, il vit parmi eux et occupe un rôle assez important dans l’organisation criminelle de la ville. Même s’ils sont racontés de son point de vue, les romans reprennent la trame des polars avec un mystère à résoudre à chaque fois et dont la conclusion de l’enquête va bouleverser sa vie et son image du monde.
Pourquoi lire en 2024, une série toujours inachevée commencée plus de quarante ans auparavant ? Parce qu’elle a remarquablement bien vieilli et se lit sans grincements de dents ni sourcils levés vis-à-vis de la description des personnages secondaires. Et surtout parce qu’elle est amusante. Au sens où elle est pleine d’action (et pas uniquement de combats, qu’ils soient magiques ou non), d’humour de situation et de dialogues incisifs. Et qu’elle contient une ribambelle de personnages attachants à commencer par Loiosh, le familier de Vlad. Petit reptile volant à la morsure venimeuse, ce jhereg ressemble fort aux lézards de feu à l’origine des dragons de Pern. Et comme eux, il communique télépathiquement avec son humain, auquel il sert de conscience d’appoint très sarcastique.
Avec ces trois premiers romans, Steven Brust s’amuser à changer de style et de rythme de l’un à l’autre. Vous serez donc plus naturellement attiré par un titre ou par un autre. Personnellement, j’ai lu d’une traite ou presque Jhereg et Yendi et j’ai mis plus de temps à venir à bout de Teckla. Dans ce dernier, la théorie politique et la lutte des classes entre humains et Dragaerans de hautes naissances sont au cœur de l’intrigue. Avec, hélas pour moi, des discours publics et des harangues retranscrites. Mais la conclusion est suffisamment élégante et la fin assez ouverte pour que j’aie envie de découvrir ce que les prochains romans me réservent. Attention, la version française éditée par Mnémos et reprise en poche par FolioSF, ne comprend que les quatre premiers volumes de la série.
The Book of Jhereg
de Steven Brust
Éditions Ace Penguin
C’est tellement bien !!!!