Fil rouge 2018 : Le dragon ne dort jamais

Avec comme thème du Fil rouge 2018 pour octobre, le dragon, et comme auteur choisi, Glen Cook, vous auriez pu vous attendre à une histoire de fantasy comme celles que l’auteur narre dans La Compagnie noire ou Les Instrumentalités de la nuit. Eh non… Le dragon ne dort jamais est un pur roman de space opera. Assez étonnant d’ailleurs dans la bibliographie de Glen Cook.
Le dragon du titre est le nom donné par Tortue, alias Kez Mafaele un guerrier Kieu, à l’empire humain qui a étendu sa domination dans tout l’espace Canon à travers ses Vaisseaux-Gardiens qui traquent leurs ennemis sans pitié sur l’ensemble du Réseau.
Bien que ce soit du space opera, la partie science de la science-fiction n’est pas ce qui intéresse Glen Cook. Comment et pourquoi certains Vaisseaux-Gardiens accèdent à la conscience, puis très vite à la folie ? Comment des espèces respirant du méthane et d’autres respirant de l’oxygène peuvent communiquer entre elles et simplement s’identifier mutuellement comme des êtres vivants ? Mystère pour le lecteur. D’où vient l’humanité ? Qu’est-ce que le Réseau qui permet de se déplacer plus vite que la Lumière ? Tel est le mystère pour les personnages du livre que ceux-ci soit des humains, des copies d’humains, des artificielles créés en laboratoire, des intelligences artificielles ou des extra-terrestres (dont le fameux Tortue). Quand un métamorphe d’une espèce censément disparue depuis belle lurette se balade sur le Réseau, les Vaisseaux le prennent en chasse et tombe dans un piège avec un niveau de complexité jamais atteint en quatre mille ans.
Comme souvent chez Glen Cook, l’histoire n’est pas simple à suivre. On passe d’un personnage à l’autre, d’un environnement à l’autre en se demandant où l’auteur va nous emmener. Comme dans La Compagnie noire, dans Le dragon ne dort jamais il n’y a pas d’innocent — sauf peut-être Dame Minuit et Placidia, pourtant certains personnages sont attachants. Les doutes de Tortue le rendent plus humain que la plupart des humains qu’il côtoie et combat. Le Belligérant forcé de remettre peu à peu en cause ses certitudes et de lutter contre la folie qui s’insinue dans son Vaisseau m’a aussi émue sur la fin. Et d’un bout à l’autre, la pugnacité et la rage du lieutenant Jo Klass m’a particulièrement plu.
En revanche, à la différence des autres livres de Glen Cook parus en France, Le dragon ne dort jamais ne fait pas parti d’une série. Du coup, il est trop dense, il y a trop d’action condensée dans moins de 500 pages que les concepts peuvent paraître nébuleux à qui n’est pas habitué au space opera ou qui est trop fatigué par une journée de travail pour se concentrer et se souvenir de qui est qui par rapport à qui. Prenez le temps de le lire ou de le relire. Je vous assure qu’une fois fini, vous vous surprendrez à y repenser longtemps après.

Le dragon ne dort jamais
de Glen Cook
Traduction de Frank Reichert
Éditions L’Atalante

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