L’Outsider

Impossible de passer à côté du dernier livre de Stephen King. Entre la publicité sur les bus et dans les couloirs du métro et les commentaires sur les réseaux sociaux, L’Outsider est partout. Autant faire alors comme Oscar Wilde et céder à la tentation pour mieux y résister et éviter d’avoir l’intrigue divulguée avant de l’avoir ouvert.
Si Stephen King fait partie des écrivains qui j’achète facilement, car je sais que son histoire me distraira, il m’a également apporté son lot de déception y compris avec certains de ses romans les plus connus.
Heureusement L’Outsider ne fait pas partie de cette dernière catégorie. Il reprend les classiques qui font la force des Stephen King : une petite bourgade, un mal mystérieux, des victimes enfantines. Et il joue sur les deux registres que maîtrise à la perfection l’écrivain : l’horreur bien sûr, mais également le polar.
La première partie débutant avec l’arrestation de Terry Maitland pour le meurtre atroce du jeune Franck P. n’est qu’un pur thriller. Est-il innocent ou coupable alors que des preuves solides plaident en faveur d’un côté ou de l’autre de la balance. Du jour de la mise en accusation, le récit bascule peu à peu dans le fantastique tout en gardant de solides bases policière. Qui est derrière la mort de l’enfant ? Fera-t-il d’autres victimes ? Comment l’arrêter.
Les connaisseurs de Stephen King pourront s’amuser à trouver les références plus ou moins importantes au reste de son œuvre littéraire. Et elles sont nombreuses. À mon avis, le parallèle entre Ça et L’Outsider est tellement évident qu’on devine la confrontation finale arriver à des kilomètres… À se demander si les deux créatures ne sont pas apparentées.
En revanche, si vous aimez le Stephen King auteur de polar, finissez la trilogie de Mr Mercedes avant de lire ce livre. Reposez immédiatement L’Outsider et allez vous procurer les suites : Carnets noirs et Fin de ronde. L’un des personnages de ces livres joue un rôle majeur dans la seconde moitié de L’Outsider et dévoile des éléments clés sur la trilogie et le destin des personnages. Revenez à L’Outsider quand vous serez à jour.
Dans mon palmarès personnel, L’Outsider ne sera pas un grand Stephen King : il reprend trop les vieilles recettes de ses livres plus anciens, et si je trouve la créature dégoutante, elle n’est pas si terrifiante que Ça. Peut-être parce qu’à la différence du clown tueur, les enfants n’ont qu’un rôle négligeable dans l’histoire. Ce sont des adultes expérimentés, et souvent entrainés qui affrontent cet Outsider. Une fois passée l’incrédulité, l’issue de l’affrontement est prévisible. En revanche, Stephen King reste un maître de l’écriture qui happe sa lectrice de la première ligne à la dernière. Et j’avoue que quitter le Maine pour l’Oklahoma est un changement bienvenu. À noter qu’à l’occasion de la sortie de ce livre, Albin Michel a fait traduire Laurie, la nouvelle écrite par Stephen King pour son anniversaire, et l’a mise à disposition gratuitement sur les e-librairies.

L’Outsider
de Stephen King
Traduction de Jean Esch
Éditions Albin Michel

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