Le Chemin de l’espace

ll est certains auteurs qui font partie de votre découverte d’un genre et qui sont de véritables aimants à lecture. Que le livre au final vous plaise ou non, son nom sur la couverture est synonyme de bouleversement de la pile à lire et de consommation immédiate. Robert Silverberg est de ceux-là. Découvert dans les années 1980/1990, certains de ses textes (L’Oreille interne, Le Livre des crânes, Les monades urbaines ou l’étrange poème en prose Le fils de l’homme) ont marqué mon adolescence. Et quand une version à la traduction nettoyée de Le Chemin de l’espace fait surface dans ma boîte aux lettres, elle grille la priorité à tous les autres titres en attendant de lecture. Pour très peu de temps, car moins de 24 h après, ma relecture était terminée.
Le Chemin de l’espace nous raconte un futur possible où la science est devenue une religion et où le feu nucléaire a remplacé la croix, le croissant ou les autres symboles religieux classiques. Les Vosters ont une double promesse : par la puissance de l’électron et de l’unification des particules, ils apporteront l’immortalité et ouvriront le chemin des étoiles pour l’Humanité. En cinq périodes temporelles, l’auteur nous montre comment la religion et la science peuvent parvenir à leur fin, ou plutôt comment Noël Vorst, un simple ingénieur nucléaire va peu à peu manipuler les foules de trois planètes pour exaucer son rêve.
Attention, ce roman « fix-up » (c’est-à-dire une collection de nouvelles qui, une fois assemblées, forment une histoire commune comme ici ou ici) date des années 1960 donc à une période où les pouvoirs parapsychiques sont scientifiquement explorées.
Les auteurs et autrices de l’époque ont ainsi tendance à s’en servir comme des réponses instantanées aux problèmes tels que comment dépasser la vitesse de la lumière, comment se débarrasser sans traces d’un espion ou autre… Sans vraiment aller chercher plus loin. Et effectivement dans ce livre, les aspects techniques et médicaux de la façon dont les Vorsters arrivent à leurs fins comptent moins que les changements sociétaux et psychologiques que cela entraîne dans la population en général et au sein des fidèles, plus ou moins croyants. À chaque étape, Robert Silverberg s’attarde dans les pas d’un ou de deux personnages principaux, nous attachant en quelques pages à leurs sorts et nous permettant de voir par leurs yeux le chemin parcouru et celui qui reste à parcourir. Ou du moins ce qu’ils en savent. Et les personnages principaux de l’un deviennent des personnages secondaires ou de simples silhouettes dans l’autre. Le tout formant un récit de Robert Silverberg qui n’est certes pas un essentiel de sa bibliographie, mais reste un très bon texte de SF à l’ancienne rempli d’évasion et de sens du merveilleux (ou « sense of wonder ») qui ravira toute personne amoureuse du genre.

Le Chemin de l’espace
d
e Robert Silverberg
traduction de Michel Demuth (révisée par Pierre-Paul Durastanti dans la dernière édition)

Éditions
J’ai Lu & Le Bélial’

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