Voici un livre pris encore une fois sur un coup de tête dans l’une de mes librairies favorites. D’autant que ma dernière expérience en date avec cette maison d’édition, Erectus, m’avait laissé un goût de bâclé tel que je n’avais pas fini le livre. La curiosité et l’envie de découvrir le « Stephen King » chinois finissent par l’emporter.
Comme hier est donc un thriller écrit par Cai Jun, un écrivain de Shanghai prolifique, mais dont seuls deux romans ont été traduits en français. S’il semble dans un premier temps flirter avec le fantastique et l’horreur, la seule réelle contribution à l’imaginaire de ce roman est à chercher du côté de la science-fiction avec « Comme hier », l’application en développement dans le livre qui transforme en univers partagé ludique les souvenirs des joueurs.
Ici, elle contient la clé pour résoudre trois affaires criminelles du 13 août. Le 13 août 1999, une lycéenne disparaît. Le 13 août 2012, une collégienne est retrouvée étranglée au même endroit. Le 13 août 2017, un professeur du lycée et sa famille meurent dans un incendie criminel. Seule une personne fait le lien entre ces trois affaires : Sheng Xia, née le 13 août 1999, amie de la collégienne et ancienne élève du professeur et ayant vécu toute sa vie dans la rue où se sont déroulés les drames. Développeuse de génie, elle a abandonné les cours pour cause de cancer en phase terminale et elle est la seule à amadouer Sishen, le molosse noir témoin du dernier crime.
Comme hier est donc un roman qui va nous emmener — par le biais de l’application, mais également par celui des souvenirs des différents personnages — à travers les différentes époques de la métropole chinoises où il se déroule. Et nous montre différents aspects peu reluisants de la société chinoise : corruption endémique conduisant à une pollution galopante, traitement raciste et déshumanisant des « migrants de l’intérieur » et des ethnies minoritaires, et des enfants atteints de malformations, violences institutionnelles (comme les « instruits » déportés à la campagne sous Mao Zedong et la façon dont leurs familles sont traitées, la non-protection des mineurs, etc.). Pour autant, si vous aimez les émotions fortes et les énigmes bien alambiquées, vous allez être servis. Attention, les descriptions ne prennent pas de gants et si ce n’est pas de l’horreur au sens littéraire du terme, certains passages sont bien horrifiques. Soyez également prévenus que Comme hier est un roman « diesel », il démarre lentement et monte en puissance au fur et à mesure du livre jusqu’à une fin étonnante.
Comme hier
De Cai Jun
Traduction de Claude Payen
Éditions XO