Échopraxie

Il y a un peu plus de deux ans, je vous parlais de ma rencontre avec un titre de SF particulièrement exigeant, mais ô combien adoré, Vision aveugle. Désormais, après avoir réédité et augmenté ce roman en 2021, Le Bélial’ propose une nouvelle version revue, corrigée et augmentée de son pendant, Échopraxie, sorti en version originale huit ans après le premier.
Comme Vision aveugle, Échopraxie raconte un voyage d’un équipage composé d’êtres plus ou moins humains – une vampire encore une fois, des zombies, des « bicaméraux » et leur traductrice, un militaire augmenté, et un « souche » que la culpabilité pousse en cette veille de XXIIe siècle à refuser toute modification – et un contact avec une entité autre. L’histoire se passe six ans après le départ du Thésée dans Vision aveugle, mais au lieu d’aller vers l’extérieur du système solaire, ce voyage ira vers le Soleil lui-même avant de revenir sur Terre.
Comme
dans le premier volet, Peter Watts va se servir de ses personnages et de leurs problèmes de vie en commun et de la paranoïa exacerbée – à raison ? – de certains d’entre eux, pour aborder différents concepts neurologiques, technologiques (et notamment le Paradis artificiel qui fait écho à certains rêves de « technobros » dans notre début de XXIe siècle) et philosophiques. S’il a une couverture plus lumineuse, Échopraxie est finalement plus noir et plus pessimiste dans son contenu que Vision aveugle. Et il faut le reconnaître également, plus brouillon avec quelques retournements de situations téléphonés. Il faut dire qu’entre l’écriture du premier et celle du second, l’état de la planète (et de la vie personnelle de l’auteur) ne s’est pas arrangé et que cela se reflète dans l’état de la planète et de l’Humanité dans son ensemble dans cet épisode. Si le premier explorait le rôle de la conscience, ici Peter Watts met l’existence du libre arbitre au cœur de son récit en le camouflant tout d’abord sous un classique débat sur la place de la science et celle de la religion, avant de dévoiler ses cartes dans le dernier quart du récit. Et comme pour la réédition de Vision aveugle, cette version, richement illustrée, est servie avec une préface et une postface de l’auteur pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les concepts présentés dans le roman. Mais également avec une nouvelle inédite, Le dieu de 21 secondes. Et dans celle-ci, c’est la religion et ses fondements biologiques qui sont au cœur du sujet avec l’histoire de Corwin qui a fusionné pendant 21 secondes dans une entité plus grande que lui avant de retrouver son individualité. Et avec l’apparition clé d’un personnage présent dans Vision aveugle et Échopraxie, même si les événements se situent avant ces deux romans.

Échopraxie
de Peter Watts
traduction de Gilles Goullet

Éditions
Le Bélial’

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.