Les flibustiers de la mer chimique

Quand un éditeur d’imaginaire propose pour la seconde fois de l’année du postapocalyptique prenant racine dans la mer, il prend le risque de se répéter. Et pourtant, même s’ils ont un point de départ commun et que la folie d’Alba fait parfois écho à celle de Danäe, Les flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert n’a que peu de rapport avec Unity d’Elly Banks.
Dans le roman de l’autrice française, nous sommes à la toute fin du XXIe siècle ou peut-être au début du XXIIe siècle. L’humanité a été mystérieusement décimée et il ne reste plus qu’une poignée de survivants répartis en clans sur terre comme sur mer, les océans sont pollués et corrosifs, les animaux et les végétaux ont muté. De prédatrice, l’humanité est devenue la proie du reste de la biosphère. Bref, c’est la mouise intégrale.
Dans cette terre de fin du monde, nous allons suivre alternativement deux personnages. Le premier, Ismaël, est un quinquagénaire naturaliste de Rome naufragé et capturé/recueilli par les Flibustiers, un gang de pirates adolescents attardés ultraviolents et aux krakens de compagnie drogués jusqu’au bout des tentacules. La seconde, Alba, est une Graffeuse bavarde, folle à lier, violente, mais détentrice d’un mystérieux trésor qui pousse la Métareine de Rome à la capturer pour l’intégrer à sa cour.
Les chapitres sont ainsi écrit à la première personne en alternant l’un et l’autre des narrateurs qui sont tou
t sauf fiables. Par leurs yeux, Marguerite Imbert nous livre la description d’un monde retourné à un certain chaos, mais plutôt haut en couleur. Sur mer comme sur terre, les surprises ne manquent pas. Au début, la lecture a de quoi désarçonner, surtout personnellement le premier chapitre mettant en scène Alba, mais elle emporte assez vive avec toute la verve, le tourbillon d’idées et d’allusions (tant à des faits historiques qu’à une multitude d’œuvres de la pop-culture) qui composent ce roman. Et ne vous fiez pas aux apparences, si tout semble a priori partir dans tous les sens, finalement les histoires d’Ismaël et d’Alba vont se croiser et finir par former une histoire cohérente, avec de « grands méchants capitalistes » suffisamment bêtes pour être crédibles. Bon plongeon, et gare aux éclats de rire !

Les flibustiers de la mer chimique
de Marguerite Imbert
Éditions Albin Michel

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