Le temps d’un souffle, je m’attarde

Vous connaissez mon amour pour les différents livres de Roger Zelazny ? Si je connais bien ses romans, écrits seuls ou à quatre mains, il est également un très grand nouvelliste comme le prouve Le temps d’un souffle, je m’attarde écrit pour la première fois en 1966 et republiée récemment dans la collection Dyschroniques de Le passager clandestin.
De quoi parle ce récit ? D’une certaine façon du même thème que Monk and Robot de Becky Chambers. Qu’est-ce que l’Humanité ? À partir de quel moment est-on humain ? Sauf que dans le texte de Roger Zelazny, les intelligences artificielles n’ont pas d’être humain pour les guider ou leur servir de miroir à leur réflexion. Dans cette nouvelle, nous sommes dans un futur lointain, l’Humanité a disparu et il n’en reste que des vestiges sur Terre. Sous la direction de Solcom, les intelligences artificielles et les machines qu’elles
dirigent reconstruisent peu à peu la Terre et le préserve du mieux possible. Mais cela ne leur prend que quelques heures par jours, le reste du temps elles s’absorbent dans certains loisirs. Celui de Gel, en charge de la supervision de l’hémisphère Nord est l’étude de l’Homme. Et comprendre en quoi le créateur était supérieur à la logique de ses créatures, les intelligences artificielles qui réparent le monde. Le temps d’un souffle, je m’attarde suit un schéma classique : Gel va parcourir le monde à la recherche des traces de l’Homme, expérimenter pour essayer de comprendre des choses illogiques : qu’est-ce que la beauté, l’art, la peur. Et il se confrontera à l’incompréhension de ses semblables. Pourtant, cette nouvelle, si elle ne répond pas à la question, est très belle et poétique, même si sa fin est plus triste et mélancolique que celles des nouvelles de Becky Chambers écrites près de soixante ans plus tard.

Le temps d’un souffle, je m’attarde
de 
Roger Zelazny
traduction de
Jean Bailhache révisée par Dominique Bellec
Éditions
Le passager clandestin

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