The Terraformers

Après la découverte d’Annalee Newitz avec Autonomous en lecture croisée, son nouveau roman a vite rejoint ma liseuse, quelques jours après sa parution fin janvier. Il faut dire que The Terraformers proposait un concept intéressant : suivre la terraformation d’une planète pendant plus d’un millénaire. Quand l’histoire commence, nous sommes en 59 000 sur la planète Sask-E, propriété du consortium Verdance qui est en train de la terraformer avant de la vendre par lot à des clients voulant vivre l’expérience de la Terre du Pléistocène, mais sans tectonique des plaques, séismes et autres cataclysmes pénibles. Seule concession au bien commun, la présence de l’ERT (pour Environmental Rescue Team), une organisation ancienne chargée de la préservation des équilibres écologiques. Destry, l’une des membres de l’ERT va découvrir une ancienne ville cachée sous la surface et voir le futur de la planète sous un autre angle. 700 ans plus tard, les premiers clients de Verdance sont là et d’autres problèmes se posent… Et ainsi de suite…
À une telle échelle, et même si les gens dans cet univers ont des durées de vie nettement plus grandes (certains car n’étant pas dotés de corps biologiques, d’autres, car passant d’un corps à l’autre suivant les besoins et les envies), le point de vue principal change à chaque époque. Et le protagoniste s’éloigne du lecteur ou de la lectrice : Destry est une humaine classique à peine augmentée par quelques gadgets ; 700 ans plus tard, Sulfur reste sur un modèle hominidé, mais n’appartient pas à l’espèce Homo Sapiens ; enfin, 700 ans encore plus loin, Scrubjay et Moose ne sont plus du tout humains, même s’ils forment le duo le plus touchant de tout le roman. Et c’est là, la grande force de The Terraformers.
Le roman d’Annalee Newitz aborde une multitude de thèmes bien contemporains de notre XXIe siècle (le changement climatique, l’exploitation des ressources, la gentrification, le déplacement forcé des populations, le racisme, etc.) mêlé à des concepts de science-fiction particulièrement intéressants (la définition de ce qu’est une personne, la façon dont l’intelligence peut être préprogrammée ou bloquée pour qu’on accorde des droits différents à des corps similaires, le réseau de capteurs à l’échelle de la planète, le système ferroviaire adaptable, etc.) Et pourtant, il met les relations entre les personnes au cœur de son histoire, et ce sont ces personnes et les solutions diplomatiques, légales et contractuelles qu’elles vont trouver qui vont changer peu à peu la destinée de Sask-E. Et comme dans Autonomous, The Terraformers explore une fois de plus la notion de propriété et le capitalisme face à d’autres formes de sociétés possibles. Mais à la différence de son premier roman, le ton de The Terraformers est nettement plus optimiste et heureux. Même s’il y a des scènes de guerre, l’ensemble est globalement porteur d’espoir et une fois la dernière page tournée, le livre se referme avec un grand sourire repu.

The Terraformers
d’
Annalee Newitz
Éditions
Tor

NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M6C2. Il peut correspondre également aux catégories #M1C4, #M1C6, #M3C4 et #M5C5.

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