À l’heure où les éditions Argyll annoncent pour 2025 le retour de Sofia Samatar à leur catalogue après Un étranger en Olondre, penchons-nous sur cette autrice. Et au hasard d’une visite d’une librairie en ligne (et avouons-le pour faire baisser les frais de port), j’ai justement reçu avant Noël sa novella The Practice, The Horizon and the Chain. Celle-ci nous entraine à bord d’un vaisseau spatial structuré entre The Hold (la soute) où vivent (ou plutôt survivent) des hommes, des femmes et des enfants enchaînés et affectés à différentes tâches et les autres parties parties où vivent le reste de la population, certains avec des bracelets de chevilles au pied, d’autres non.
La prémisse est similaire à L’incivilité des fantômes de Rivers Solomon, sauf que Sofia Samatar n’indique pas explicitement que les personnes sont enchaînées dans la soute en raison de leur race. Dans son univers, rien n’explique le pourquoi de la distinction entre les trois castes, si ce n’est des raisons économiques (les « Weightless » sans bracelet étant au sommet de la chaîne alimentaire). Nous savons seulement que les porteurs de bracelet peuvent se retrouver condamnés à descendre dans la soute et que les enfants nés à ce niveau y restent en temps normal, et sont séparés arbitrairement de leurs parents en étant parfois emmenés sur un autre vaisseau.
L’autrice nous raconte l’histoire de deux personnages – le garçon et la professeure – qui, contrairement à certains des personnages secondaires, ne seront jamais nommés. Le garçon est né dans la soute, mais parce qu’il a certains talents artistiques en a été sorti pour intégrer l’université à la fois comme élève et comme cobaye d’une expérience sociologique. La professeure, fille d’une des rares personnes avant le garçon ayant quitté la soute, porte un bracelet et fait partie de l’équipe pédagogique ayant choisi le garçon. Lui va devoir s’acclimater à ce nouvel univers, et elle, à son contact, réévaluer sa position et ses valeurs. En un peu plus de cent-vingt pages pleines de poésie, de mélancolie, de douleur, mais également de beauté, Sofia Samatar nous parle dans ce texte de lutte des classes, d’immigration et d’intégration (à quel prix ?) que ce soit pour les premières générations exilées de leurs environnements familiers ou pour les secondes générations qui, malgré tous leurs efforts, ne sont pas comme le reste des indigènes du pays (ou, en l’occurrence des niveaux du vaisseau) où elles ont passé toute leur vie et restent considérées comme des citoyens de seconde zone. Elle nous parle également de la transmission des croyances et des espoirs, même quand tous les fils semblent rompus, et d’espoir et d’alliés inattendus. Le tout sur un ton doux-amer, mais avec une note sucrée d’optimisme à la fin. Une très belle surprise pour moi, et surement l’envie d’en lire plus de sa part.
The Practice, The Horizon and the Chain
de Sofia Samatar
Éditions Tordotcom
Vendu !!!
Tu vois ?
On en reparlera en temps voulu. 😉