Miss Subways

De David Duchovny, je ne connaissais jusqu’à présent que la carrière télévisée, et notamment ses rôles dans X-Files et Californication. Alors quand son nom est associé à un livre présenté comme de l’urban fantasy, je ne peux qu’être intriguée. Surtout quand le titre dans sa version originale, parle d’un de mes principaux moyens de transport. Où va parfois se nicher la futilité d’une décision d’achat ?
Miss Subways, puisqu’il s’agit de ce livre, nous raconte l’histoire d’Emer, une femme vivant à New York, prenant le métro pour se rendre à son travail et au début de l’histoire vivant avec Con, un bellâtre qui exploite ses talents et son amour pour sa propre gloire. Un accident survient et… Dans une autre vie, Emer est toujours une femme vivant à New York, prenant le métro pour se rendre à son travail, mais elle est célibataire, jusqu’à ce qu’elle revoit Con sur un quai de métro…
À la manière de Neil Gaiman dans American Gods et Anansi Boys, David Duchovny imagine un monde où les différentes vagues de migration aux États-Unis, et en particulier à New York, sont venues accompagnées de leurs divinités, leurs mythes et leurs croyances faites chair. Et c’est ainsi qu’un Bean Sidhe (ou une banshee si vous préférez) venu d’Irlande se retrouve forcé d’endosser l’habit d’un prêtre jésuite pour survivre, que Papa Legba est portier de nuit, que des dragons chinois ouvrent des restaurants avec livraison à domicile, et que des golems de tradition juive s’allient aux alligators blancs des égouts. Dans cet univers, l’auteur nous raconte une nouvelle variation de l’histoire d’Emer et de Cú Chulain issue du folklore irlandais, pour la transposer dans un monde moderne, où les mythes des différents continents se mélangent et donnent naissance à de nouvelles entités. Tout en restant à moitié oubliés derrière les smartphones, les vagues d’indignations morales qui divisent violemment les États-Unis en ce début de XXIe siècle, les nouvelles modes de santé, etc. Dans cette variété, Emer retrouvera-t-elle son Con aimé ? Et si oui, quel prix est-elle prête à payer pour cet amour ? Et la version de son homme sera-t-elle à la hauteur de ses sacrifices ?
Dans Miss Subways, la fantasy se pare donc des atours de la vie quotidienne pour écrire une romance ordinaire, mais peu présente dans la littérature : celle d’une femme en début de quarantaine qui va chercher son bonheur malgré les obstacles. David Duchovny profite de ce roman pour écrire une longue lettre d’amour à sa ville natale et aux auteurs anglo-saxons qui l’ont accompagné dans ses études, mais également dans ses trajets dans le métro entre deux publicités. Il joue sans cesse avec les mots : Con est non seulement le surnom de son personnage masculin, mais également le diminutif de con artist, un synonyme d’escroc. Il multiplie les digressions, change de registre, de style et de vocabulaire, comme un voyageur passe d’une ligne à l’autre au gré de ses trajets en métro. En tant que lectrice, j’ai particulièrement apprécié ces quelques heures à déambuler dans les pas d’Emer, que ce soit à l’air libre dans les rues de Manhattan ou en sous-sol, bercée par le brouhaha rassurant de la rame. À noter que, si vous ne lisez pas en anglais, ce livre est disponible en français dans la collection Le Rayon imaginaire sous le titre de La Reine du Pays-sous-la-terre.

Miss Subways
de
David Duchovny
Éditions
Farrar, Straus & Giroux Inc

NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M7C1. Il peut correspondre également aux catégories #M2C1 (Manhattan), #M4C1 et #M1C2.

Cet article a 5 commentaires

  1. L'ours inculte

    Ah ! Tiens ça m’intrigue, je l’avais pas noté en repérage parce que le pitch était assez classique, mais ce que tu en dis me plait assez

  2. Anna

    Ielles ne l’ont pas à la bibli, je viens de le leur suggérer. (J’ai déjà une grosse PAL en anglais et l’ebook français est cher et plein de DRM, malheureusement…)

      1. Anna

        Je remarque qu’il y a pas mal de progrès de ce côté-là chez les éditeurs US, non ? Tor en tête. Alors qu’Hachette s’accroche à ses DRM adobe tout pourris.

        1. Stéphanie Chaptal

          Pas mal d’éditeurs Fr aussi abandonnent les DRM (surtout car ça coûte plus cher qu’un watermark). Ex : Le Bélial, Bookmark, Les Forges de Vulcain and co…

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