Moi, vous me connaissez ? La romance n’est pas franchement mon genre de prédilection. Et avec les derniers livres que j’avais lus de Ian McDonald, la série des Luna, je n’aurais pas cru que c’était également le genre de l’écrivain britannique. Jusqu’à ce que Le temps fut, un court roman paru dans la collection Une Heure-Lumière, atterrisse dans ma boîte aux lettres, grâce à la générosité de Baroona et d’un jeu organisé sur le Dernier Discord avant la fin du monde.
Dans ce livre, tout commence par un après-midi pluvieux où une librairie est liquidée et son fonds dispersé aux quatre vents. Emmett Leigh, bouquiniste de son état, y récupère entre autres, un livre de poésie autoédité. Plus que les poèmes eux-mêmes, c’est la lettre glissée entre les pages du livre qui l’intrigue. Écrite au court durant la Seconde Guerre mondiale, elle est adressée à Ben par un certain Tom. Emmett va enquêter sur ces deux hommes. Peu à peu, à mesure que sa propre vie est bouleversée par une rencontre puis une rupture, il va découvrir une histoire d’amour qui se vit cachée aux creux des conflits du XIXe et du XXe siècle.
Qui sont Ben et Tom ? Pourquoi, pour eux, « le temps fut et il sera de nouveau » comme la signature de leurs missives ? Et quel lien entretient Emmett avec leur histoire ? Dans une histoire qui n’est pas sans rappeler feu la série Torchwood, Ian McDonald va nous raconter une romance originale toute en douceur sur fond de conflits et de paradoxe. Format court oblige, il ne s’attarde pas sur toutes les époques visitées par les amants ni sur la raison pour laquelle ils ont cette vie si particulière, même s’il avance un début d’explication rationnelle. On ne sait même que très peu de choses sur leur physique ou sur leurs caractères.
En revanche, l’écriture de IanMcDonald est ici plus travaillée et plus poétique que dans Luna ou La Maison des derviches. Son exploration des sentiments des deux hommes à travers leur correspondance et le journal de Tom, mais aussi de ceux d’Emmett qui trouve dans son enquête un nouveau sens à sa vie, font de Le Temps fut un des récits parmi les plus agréables de la collection, à défaut d’être un des plus inoubliables.
Le Temps fut
de Ian McDonald
traduction de Gilles Goullet
Éditions Le Belial’
NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M5C1. Mais il peut aussi cocher les cases #M1C1, #M2C1, #M2C2, #M3C1, #M4C5, #M5C5 et #M7C5.