La Guerre des marionnettes

Andrea Cort est de retour. L’héroïne, qui refuserait probablement ce terme, de Émissaires des morts et de La Troisième griffe de Dieu revient pour un dernier (?) tour de piste avec La Guerre des marionnettes. Autant vous dire qui si vous avez trouvé les deux premiers sombres, celui-ci est nettement pire avec une bonne dose de body horror et de modifications corporelles extrêmes en prime. Un vrai régal quoi !
Comme à son habitude, Albin Michel Imaginaire assortit au roman qui donne son titre au livre deux nouvelles. La première, Les Lames qui sculptent les marionnettes, ne concerne pas directement notre procureure extraordinaire favorite, mais sa lecture est plus qu’utile pour comprendre le roman suivant (et éclairer le passé d’un personnage de La Troisième griffe de Dieu).
Il s’agit ici d’avoir une première présentation de la planète Vhlan, de ses habitants et de leurs rituels, ainsi que de découvrir ce que cela implique pour les autres sentients qui veulent s’en mêler. Plutôt tragique et déjà assez horrifique dans les actes qu’elle décrit, cette nouvelle se lit pourtant d’une traite et interroge sur ce que l’on peut supporter par amour, devoir ou instinct de survie.
La deuxième, La Cachette, arrive à la suite du roman et se situe chronologiquement quelques mois après celui-ci. C’est le texte le plus faible du livre, mais il offre une décompression bienvenue après l’intensité des deux précédents. Et en tant que grande amatrice de New York District et autres embrouilles judiciaires, j’ai particulièrement apprécié ce cas de conscience et la façon dont Maître Cort le résout. Et nous laisse du coup dans le doute sur son avenir.
Et La Guerre des marionnettes donc ? Nous avons tout à la fois un affrontement entre les IA-Sources et les Démons invisibles qui tourmentent Andrea Cort depuis l’enfance, un monde étrange avec des créatures locales fascinantes et toute une tripotée d’individus sentients – diplomates ou non – avec chacun ses objectifs, ses blocages et ses a-priori, et une guerre imminente dont l’issue n’est rien moins que la survie des espèces intelligentes dans leur ensemble et de l’humanité en particulier.Et nous voyons également la relation entre Andrea et les Porrinyard progresser (en mode montagnes russes émotionnelles particulièrement intenses) et même se glisser entre tout ceci une enquête pour disparition. Certains personnages sont particulièrement haut en couleur, comme l’ambassadeur humain (pardon homsap) qui ne doit pas non plus sentir la rose au passage !
Vous l’aurez compris, La Guerre des marionnettes est un roman particulièrement dense. Il marque la fin d’un cycle et doit donc se lire après les deux autres. Mais une fois dedans, vous ne le lâcherez plus et vous ne verrez pas les pages passer. Quitte à perdre des heures de sommeil car vous ne pouvez pas laisser certains personnages dans un tel gouffre de souffrance sans découvrir s’il y a de l’espoir pour eux, notamment les Porrinyard dont chaque moitié n’est pas du tout épargnée. Et vous tournerez la dernière page, en vous demandant quand sort le prochain Adam-Troy Castro.

La Guerre des marionnettes
D’Adam-Troy Castro
traduction de Beno
ît Domis
Éditions Albin Michel Imaginaire

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