La cour des Abysses

La romance peut-elle rimer avec l’horreur lovecraftienne ? Pour Alex Nikolavitch et Camille Solomon, la réponse est oui. Et les deux auteurs nous le prouvent avec leur court roman : La cour des Abysses. L’histoire commence à Port Triton où deux personnes s’éveillent chacune dans un lieu enfermé. Leurs seuls contacts avec l’extérieur – et l’un avec l’autre – sont des téléscripteurs et les messages qu’ils s’envoient l’un à l’autre. Peu à peu, on comprend qu’Emilia et le capitaine (qui ne sera jamais nommé) sont amants et qu’ils ont été enlevés. Par qui ? Et dans quel but ? Et qui sont les habitants difformes qu’ils aperçoivent parfois ?
Écrit à quatre mains, ce livre ne ressemble pas aux autres livres d’Alex Nikolavitch, et certainement pas au Dossier Arkham paru chez le même éditeur en 2020. Ne soyez donc pas surpris. En revanche, le livre reprend une structure épistolaire similaire à celle de Dracula avec d’abord un échange de message puis des comptes-rendus de rapport ou des changements de points de vue d’un personnage à l’autre. Et la carte de Port Triton à l’intérieur des couvertures est non seulement agréable, mais particulièrement utile pour suivre les déplacements des différents protagonistes.
Donc c’est un beau livre original, mais est-ce un bon livre ? Si vous cherchez une romance douce, certainement pas. Si vous cherchez du drame, de l’horreur indicible et des amours torturés – tout en restant très allusif, correspondant à la pudeur des romans gothiques et d’H.P. Lovecraft lui-même –, vous êtes au bon endroit. C’est poisseux, c’est angoissant, c’est ambigu, et finalement ça se lit très bien sur 170 pages. Le bon format pour frémir sans longueurs.

La cour des Abysses
d’Alex Nikolavitch et Camille Salomon
É
ditions Léha

NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M4C3. Il peut correspondre également aux catégories #M1C4, #M1C1, #M2C2, #M5C6 et #M6C3.

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