Des robots géants qui se bagarrent. Un des clichés les plus classiques de la pop culture depuis pas loin de soixante ans. Et même si j’adore les histoires de mechas, ce n’est pas souvent que j’y trouve des récits originaux. Jusqu’à ce qu’arrive The Kill Lock de Livio Ramondelli…
Nous sommes dans un coin de l’espace peuplé par des robots autonomes, avec d’ailleurs aucune forme de vie organique dessinée dans les 192 pages du récit. Dans cet univers, loin de la planète mère et des Forgeurs qui ont créé tous ces robots, nous suivons quatre d’entre eux – l’Inachevé, l’Ouvrier, le Spectre et l’Artisan – qui sont liés par un Kill Lock. Par leurs actions passées (et dans un cas par leur conception même), ces robots ont été condamnés à la destruction conditionnelle. C’est-à-dire que leurs sorts sont liés : ils portent une marque disant qu’ils peuvent être détruits ou mutilés sans conséquences et si l’un d’eux « meurt », les trois autres également. Venus d’horizons différents, les quatre robots vont devoir apprendre à vivre ensemble et à trouver la solution pour contourner ce verrou. Mais à quel prix ?
Ben que ce ne soient que des machines – et qu’étrangement il n’y a pas d’intelligence artificielle désincarnée dans cet univers – The Kill Lock arrive à nous toucher par les sentiments des personnages et qu’ils nous inspirent. Il faut dire que sous leurs dehors mécaniques, ils reprennent des rôles classiques des films d’action : l’Inachevé a la fragilité de l’enfance ; l’Ouvrier est la grosse brute pas très futée, mais pleine de bons sentiments ; le Spectre le guerrier ultime qui a perdu son idéal ; l’Artisan le futé fragile physiquement, mais immoral et prêt à tous les sacrifices pour se protéger lui-même. Livio Ramondelli alterne avec élégance les scènes d’action, les dialogues percutants et les scènes plus intimes avec ou sans flash-back pour au final nous conter une histoire plus complexe qu’elle n’en a l’air. Le tout admirablement peint et dessiné, au point qu’une fois l’album parcouru une première fois, l’envie vous prendre de repartir quelques planches en arrière à la recherche d’un indice ou simplement pour admirer les détails d’une scène. Même si une suite dans le même univers est annoncée pour le mois de septembre prochain, le premier épisode se conclut sans cliffhanger désagréable. Et vous pourrez donc choisir de ne lire que cette histoire, ou de poursuivre votre route en compagnie de ces étranges créatures.
The Kill Lock
De Livio Ramondelli
Traduction d’Alain Delaplace
Éditions Komics Initiative
NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M3C3 Il peut correspondre également aux catégories #M1C6, #M3C5, #M4C1, #M4C4 et #M6C3.