Quand un de mes auteurs d’horreur favoris mêle un de mes monstres préférés avec un genre qui me fascine, le résultat ne pouvait qu’atterrir tôt ou tard entre mes mains. Et c’est ainsi que The Buffalo Hunter Hunter de Stephen Graham Jones est arrivé entre mes mains.
L’idée centrale est assez simple : imaginez un groupe d’Indiens (plus précisément des guerriers Blackfeet) qui tombe sur un convoi de l’armée avec un homme nu en cage à l’abri du soleil. Le combat qui suit le libère et lui fait attaquer Good Stab, l’un des guerriers, qu’il laissera pour mort. Ou plutôt pour non-mort avec un nouveau régime alimentaire très restreint et très liquide. Et à travers trois narrateurs et trois périodes différentes – 2012, 1912 et une grande partie du XIXe siècle se terminant en 1870 (le 23 janvier 1870 précisément) – The Buffalo Hunter Hunter va nous raconter la fin d’une époque et la façon dont la violence des colons envers les natifs va durablement marquer les deux peuples et la Nation qui en découlera.
D’un point de vue narratif, l’auteur choisit de suivre la tradition des précurseurs vampiriques que sont Sheridan Le Fanu et Bram Stoker avec des récits enchâssés les uns dans les autres mêlant journal intime, lettres, mémos vocaux (comme un certain Dr Steward dans Dracula) et confession. Le tout étant à chaque fois ancré dans son époque respective. Et si vous êtes d’Europe comme moi et, du coup, assez peu au fait de l’histoire du Montana ou des termes propres aux Blackfeet, un lecteur a pensé à nous en créant un lexique bien utile pour ne pas se perdre.
Du côté surnaturel, la réinvention du vampire et de ses capacités dans ce roman est particulièrement réussie. Et le fait que Good Stab découvre ce qu’il est devenu en s’aidant de ses croyances propres et de ses divinités – que ces rencontres soient réelles ou hallucinatoires apporte un véritable plus aussi bien dans l’horreur de sa condition et de ses capacités que dans sa lutte pour conserver sa part humaine. Et la partie horrifique n’est pas que du côté du monstre, car les pires horreurs y sont commises souvent par des êtres humains ordinaires, comme Arthur Beaucarne, pour des raisons particulièrement triviales.
Assez dense avec 448 pages en version papier, ce livre ne se lit pas d’une traite. Au contraire, j’ai espacé mes sessions de lecture volontairement. Pourquoi ? Pour le savourer, et pour m’imprégner du texte. Et j’avoue deux choses : 1 – les chiens de prairie peuvent être terrifiants, et 2 – certaines scènes resteront longtemps dans ma mémoire. Si vous cherchez un western différent, ou une histoire de vampire qui casse les codes traditionnels tout en les utilisant à bon escient, vous avez trouvé le livre qu’il vous faut.
The Buffalo Hunter Hunter
de Stephen Graham Jones
Éditions Saga Press