Restons encore un peu dans l’horreur avec – enfin – la lecture d’un classique du genre, quelques années après avoir vu le film : Ring de Koji Suzuki. Car oui, Sadako la femme du puits, devenue l’emblème de toute une vague de films d’horreur venus d’Asie n’est pas née sur pellicule malgré ses talents, mais bien à l’écrit.
Si vous avez vu le film japonais d’Hideo Nakata ou son remake américain de Gore Verbinski, vous connaissez déjà le principe de l’histoire. Les personnages regardent une mystérieuse cassette vidéo, puis reçoivent un appel téléphonique. S’ils ne font rien pour briser la malédiction, ils mourront sept jours après à l’heure même où ils ont visionné cette cassette. L’histoire du livre est légèrement différente. En effet, dans le livre, Asakawa est l’oncle d’une des victimes adolescentes et non sa tante, et il va se faire aider par Ryuji, un vieil ami de lycée pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à sa nièce, mais également sauver sa vie et celle de sa femme et de sa toute petite-fille.
L’histoire nous est donc racontée à la manière d’une enquête journalistique contre la montre, pour : 1- retrouver l’origine de la cassette, 2- comprendre comment elle a été enregistrée, 3- retrouver ce qui est advenu de la personne à l’origine de cette malédiction – la fameuse Sadako Yanamura, dans le livre accompagnée de sa mère et de son « père », et enfin 4- trouver comment survivre. En effet, dans le livre pour compliquer la tâche, la façon d’échapper à la sentence liée au visionnage de la cassette a été malencontreusement effacée par l’enregistrement d’un talk-show. Oops… Au final, même si vous avez vu l’un ou l’autre des films, ce changement de point de vue et la façon dont le personnage de Ryuji est bien plus ambivalent que dans le film font que lire le livre ne donne pas du tout l’impression de raconter la même histoire. Un peu comme si vous découvriez un conte chez Charles Perrault et que vous lisiez ensuite la version des frères Grimm. La manière dont les pouvoirs de Sadako sont présentés est également plus claire et mélange avec bonheur le folklore japonais, les pouvoirs parapsychiques et leurs études et… la bonne vieille biologie. Cet aller-retour permanent entre fantastique et science-fiction pure, ainsi que le rythme plutôt enlevé du récit en font un livre très efficace, qui plaira à tous les fans de thrillers ou de Stephen King. Et personnellement, j’ai apprécié de voir le travail journalistique d’Asakawa pour mener à bien son enquête, en s’appuyant notamment sur son réseau et les correspondants locaux de son journal tokyoïte. J’ai lu une version numérique en anglais, mais le livre a été édité en 2002 chez Pocket puis repris par Fleuve Noir avec une traduction d’Annick Laurent. De plus, l’auteur a écrit cinq suites à ce livre : quatre romans et un recueil de nouvelles. Replongerais-je dedans ? Peut-être pas tout de suite. Je me laisserais plutôt séduire par son recueil, Dark Water, qui a lui aussi inspiré la J-Horror.
Ring
de Koji Suzuki
traduction de Robert B. Rohmer et Glynne Walley
Éditions Harper Voyager