Nestling

Depuis Un bébé pour Rosemary, tout fan d’horreur sait qu’une jeune mère venant d’emménager dans un trop bel appartement de Manhattan est en danger. Nestling de Nat Cassidy le confirme et va même encore plus loin. À l’horreur psychologique privilégiée par Ira Levin, l’auteur et acteur new-yorkais ajoute une couche bien plus viscérale et exorcise – comme il l’explique dans la postface – ses propres peurs, deuils et autres traumatismes divers post-2020 et 2021.
Au début de Nestling, Ana et Reid quittent Brooklyn pour emménager dans un appartement bien trop beau pour eux en plein cœur de Manhattan, avec vue sur Central Park. Ils l’ont gagné à une loterie à laquelle ils avaient participé bien des années plus tôt. Et cette bonne fortune arrive après une année terrible : suite à un accouchement compliqué, Ana est désormais paraplégique. Et a, en prime, souffert d’une dépression post-partum qui n’a pas facilité son attachement à sa petite fille, Charlie. Et le tout a profondément bouleversé les relations dans le couple. Ce déménagement serait-il l’occasion d’un nouveau départ ? Tandis que Reid est fasciné par l’histoire de son nouvel immeuble, Ana bloquée à l’intérieur avec son bébé s’y sent de plus en plus mal à l’aise. Elle commence à se demander si l’immeuble et ses autres habitants ne veulent pas se débarrasser des parents pour mettre la main sur Charlie… Et pourquoi les livreurs à domicile ne veulent même pas entrer dans le hall ?
Avec ce roman, Nat Cassidy détourne plusieurs genres horrifiques : la maison hantée (ou ici, l’immeuble maudit), les vampires (avec une déclinaison originale qui vous fera regarder le dessin animé Gargoyles d’un autre œil), et l’horreur existentielle d’un couple qui se déchire et de la folie qui pourrait s’abattre sur chacun d’eux à chaque instant. L’auteur va aussi jouer sur les peurs qui rongent les États-Unis, avec la montée d’une certaine forme de racisme et d’antisémitisme décomplexée, un marché du travail particulièrement tendu, et toutes les angoisses possibles d’un quotidien de jeunes parents devant également faire le deuil de leurs propres relations à leurs parents dans un monde où rien n’est acquis et tout peut basculer en un instant. Et la lecture de Nestling, en alternant les points de vue (ceux d’Ana et de Reid, mais également de tiers), en multipliant les interludes et en variant les tailles de chapitres, restitue à merveille l’impression d’enfermement et d’obstacles que rencontre sans cesse Ana. Tout en tenant la lectrice en haleine et en arrivant à la surprendre de bout en bout sans pouvoir deviner un seul instant la conclusion du livre. Bel exploit !

Nestling
De Nat Cassidy
Éditions Tor Nightfire

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