P. Djèlí Clark est la nouvelle étoile montante de la mouvance steampunk aux USA. Après avoir été nommé aux Hugo 2020 pour sa nouvelle, The Haunting of Tram Car 015, il revient avec une actualité chargée en ce printemps 2021. Son éditeur français, L’Atalante a rassemblé dans un court recueil, Les tambours du Dieu noir, deux textes très différents de l’auteur.
Le premier, qui donne aussi son titre à l’ouvrage, se déroule à La Nouvelle-Orléans en 1880. Dans cet univers où les dieux africains sont bien réels et actifs, Haïti a été libéré de l’emprise napoléonienne par une mystérieuse invention qui a complètement détraqué le temps dans toutes les Caraïbes. La Nouvelle-Orléans est une ville libre au milieu d’une Amérique du Nord complètement fractionnée où la Guerre de Sécession fait rage. Quand LaVrille, gamine des rues de La Nouvelle-Orléans, entend que les Confédérés veulent s’emparer de cette arme, les Tambours du Dieu Noir, elle va s’allier à une pirate des airs pour l’en empêcher. Très distrayant, et faisant la part belle au vaudou et aux croyances yoruba importées d’Afrique par les esclaves, ce texte offre le temps d’une aventure picaresque, un aperçu d’une Amérique où magie et technologie avancée se mêlent. Attention, la traductrice a restitué le parler des différents créoles (celui de La Nouvelle-Orléans et celui des Iles Libres) et il vous faudra prononcer dans un premier temps les mots pour les comprendre (« mwen » pour « moi » par exemple). Mais ce choix facilite également l’immersion et l’évasion du lecteur.
J’avais déjà lu en VO, L’Étrange Affaire du djinn du Caire, mais la voici traduite pour compléter ce livre. Elle se situe dans le même univers que The Haunting of Tram Car 015 (lui aussi disponible en français chez le même éditeur), mais présente l’enquêtrice vedette du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, Fatma el-Sha’arawi, enquêtant sur la mort d’un djinn. Au fil de son enquête, elle découvrira une machination aux relents lovecraftiens et se livrera à une course contre le montre pour sauver la ville et peut-être le monde. On y retrouve le Caire du début du XXe siècle cher à l’auteur avec sa multitude de peuples et de talents magiques, et on y suit une enquête somme toute classique, qui a le mérite de poser les bases d’un univers fascinant.
P. Djèlí Clark revient régulièrement dans cet univers, comme avec The Angel of Khan el-Khalili, republié récemment sur Tor.com, avec la rencontre dans le souk du Caire entre un ange et une jeune ouvrière en quête de rédemption. Si l’aventure n’est pas au cœur de cette nouvelle racontée à la deuxième personne, son côté social et la façon dont elle dépeint les rapports entre créatures surnaturelles et cairotes des couches populaires dans son univers sont fascinants. L’auteur sort d’ailleurs ce mois-ci son premier roman, Master of Djinn, dont vous entendrez surement parler sur ce blog.
Les tambours du Dieu noir
de P. Djèlí Clark
Traduction de Mathilde Montier
Éditions L’Atalante
J’ai lu les trois textes en anglais, je les ai vraiment bien aimés, surtout le dernier, la nouvelle. Elle est toute simple et profondément belle.
En fait, j’avais déjà lu celle du Caire dans le recueil en VO. Il ne me manquais que celle sur La Nouvelle Orléans. Oui la dernière a une profondeur que ses autres récits cairotes n’ont pas (encore ? à voir avec le prochain roman).
Un auteur à suivre donc ! Et l’Atalante qui fait de très bons choix pour ses formats courts. Dès que j’aurais un peu de temps dans mes lectures je le lirais. D’ailleurs il y a un autre livre de l’auteur qui doit sortir bientôt 😉
Oui, The Hauting of Tram Car 015 https://www.outrelivres.fr/lectures-en-vrac/ Et ça ne m’étonnerait pas que Ring Shout soit traduit sous peu.