La collection Une heure-lumière de Le Belial’ est plutôt pratique pour qui veut découvrir des auteurs, récents ou non, sans investir trop d’argent ni espérer passer en premier pour emprunter les nouveautés à sa bibliothèque de quartier. Ainsi, Le Fini des mers fut pour moi l’occasion de découvrir le travail d’auteur de Gardner Dozois en une soirée.
Le résultat est délicieusement rétro. Il faut dire que s’il n’a été traduit que récemment, Le Fini des mers est un texte de 1971 où les angoisses liées à la Guerre froide sont particulièrement prégnantes en fond dans le texte. De quoi s’agit-il ? D’une invasion extraterrestre et de ses conséquences pour l’humanité en général. Et pour Tommy Nolan, un garçon de 10 ans rêveur vivant dans une famille malheureuse de Nouvelle-Angleterre.
D’un chapitre à l’autre, le texte alterne. D’un côté, il traite la situation au niveau mondial : comment les différents gouvernements et les intelligences artificielles qui les soutiennent traitent l’arrivée de ces quatre vaisseaux. De l’autre, il parle du quotidien de Tommy, de ses difficultés à l’école et avec ses parents, et de sa relation avec les Autres. Seulement à la toute fin, le lien entre les deux se fait.
Le Fini des mers fait partie de ces histoires d’invasion extraterrestre où l’Humanité est un facteur négligeable pour les envahisseurs. Ici, elle est impuissante et, à l’exception de Tommy, totalement inconsciente des négociations qui s’engagent entre les nouveaux arrivants, les IA et les Autres (à savoir le Petit peuple ou le monde féérique). C’est d’ailleurs ce mélange de fantasy — plus à la Lord Dunsany ou Arthur Madchen qu’aux auteurs modernes du genre — et de science-fiction « old school » qui fait le charme de ce livre. Le rythme, assez lent, s’accélère aux moments où l’on s’y attend le moins, comme la scène entre Tommy et son père dans le grenier. Une bonne surprise.
Le Fini des mers
de Gardner Dozois
Traduction de Pierre-Paul Durastanti
Éditions Le Bélial’