La Vieille Anglaise et le continent

Quand un texte qui vous touche est adapté dans un autre média, il y a toujours à la fois une envie folle de découvrir cette nouvelle version mêlée à la crainte d’être déçu. Et comme il faudra encore patienter un peu plus pour découvrir la seconde partie du Dune de Denis Villeneuve, c’est du côté de la BD que cette anticipation anxieuse est venue avec… La Vieille Anglaise et le continent de Valérie Mangin et Stefano Martino, qui est une adaptation de la novella du même nom par Jeanne-A Debats. Le synopsis de ce récit est simple, une vieille activiste anglaise fortunée se meurt doucement dans son hôtel particulier de la Riviera. Son ancien élève vient la voir en lui proposant un dernier deal pour « servir la cause » : transférer son esprit dans le corps d’un cachalot et sillonner les mers pour compter les baleines et contrecarrer les plans des braconniers. Sauf que… tout n’est pas aussi simple.
En à peine 80 planches, La Vieille Anglaise et le continent aborde une multitude de thèmes différents : le combat écologiste et le choix d’une action violente ou non, le féminisme, l’identité de genre, le transhumanisme et ses dérives… Le tout servi par des personnages hauts en couleur à commencer par cette vieille Anglaise qui n’a pas la langue dans sa poche et est bien décidée à n’en faire qu’à sa tête, quel que soit le corps qu’elle occupe. Et les passages crus (décrivant entre autres le transfert d’esprit) se mêlent aux instants poétiques (comme la découverte du continent cétacé) pour une lecture fluide et particulièrement agréable. Cerise sur le gâteau, cet album fait partie des excellentes BD où non seulement le dessin sert à merveille l’histoire, mais où une fois l’album achevé une première fois (et lu l’interview croisée en fin d’ouvrage), il est quasi-impossible de ne pas repartir du début pour admirer l’œuvre de Stefano Martino en particulier son travail sur la composition de certaines doubles pages et sur la couleur. Grâce à lui, il est très facile de distinguer le présent du passé, ce qui se passe en mer de ce qui se passe à terre, et les dialogues entre humains, entre cétacés ou d’une espèce à l’autre. Et une fois cette relecture terminée ? Pourquoi ne pas se replonger dans le texte original ?

La Vieille Anglaise et le continent
De
Valérie Mangin (scénario) et Stefano Martino (dessins & couleurs), d’après un texte de Jeanne-A Debats
É
ditions Drakoo

N. B. Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M4C3. Il peut correspondre également aux catégories #M1C5, #M2C6 et #M4C4.

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