Il y a quelques années, Les Miracles du bazar Namiya m’avait intrigué et donné envie d’explorer un peu l’imaginaire littéraire japonais. Avec une structure similaire et un titre évoquant la lecture, La Biblothèque des rêves secrets de Michiko Aoyama ne pouvait que m’attirer.
Ici l’aspect fantastique est léger. Nous sommes plus dans un réalisme magique où Sayuri Komachi, l’immense bibliothécaire donne à chacun des personnages croisés le livre et l’objet pour débloquer sa situation, sans rien savoir ou presque de sa vie, comme par magie. En effet, ce « roman » ou plutôt ce recueil de nouvelles tourne autour d’un même lieu, la bibliothèque d’un centre social adossée à une école de quartier dans Tokyo. Chaque chapitre met en avant un ou une protagoniste différente (jeune ou vieux, dans la vie active ou non) qui se sent mal dans sa peau et insatisfait de la vie qu’elle ou il mène. Un passage au centre social et une conversation avec la bibliothécaire qui lui met entre les mains un livre a priori complètement hors sujet, va l’aider à réorienter son parcours ou mettre de l’ordre dans sa vie. Et d’un chapitre à l’autre, certains personnages se retrouvent : le patron d’une boutique d’antiquités de l’un est devenu le concierge de l’autre, et l’opticien qui travaille dans le même centre commercial que la vendeuse connaît l’éditrice, etc. Le tout donne un côté choral et unifie ce roman qui sinon partirait dans tous les sens.
La Bibliothèque des rêves secrets, avec son côté « toi aussi prends ton destin en main et change ta vie » n’est pas du tout dans mes lectures habituelles. Mais l’autrice évite l’écueil de beaucoup de livres « feel good » tournant au développement personnel déguisé, et surtout elle nous présente des situations qui reposent en grande partie sur les particularités de la société japonaise, et ces différences donnent un certain recul par rapport au destin des personnages. Mais l’histoire se lit toute seule et comme son titre le promettait, le roman propose différents titres –, romans, poésie, essai ou manga – pour donner envie d’en lire plus.
La Bibliothèque des rêves secrets
De Michiko Aoyama
traduction d’Alice Hureau
Éditions J’ai Lu