Gurvan

Le cycle de Gurvan de P.-J.Hérault n’est pas une nouveauté de la SF, ni même du space opera. Parus à l’origine entre 1985 et 1987 dans la défunte collection Fleuve Noir Anticipation, les trois romans sont déjà ressortis, légèrement repris par l’auteur, en 2012 chez Critic avant d’être adaptés en BD. Et pourtant… Critic ressort à partir d’aujourd’hui, les trois tomes du space opera dans une nouvelle collection, Déclic, en version illustrée.
Et pour l’occasion, l’éditeur change la cible du roman. Parue initialement dans une collection de « romans de gare », la série des Gurvan s’adressait en effet à un public adulte, là où la collection Déclic de chez Critic cible un public adolescent de 12 ans et plus.
Mais au fait de quoi parle Gurvan ? Au fil des trois tomes,
Sergent-pilote Gurvan (qui sort le 16 février donc), Gurvan : les premières victoires (prévu pour le 1er mars) et Officier-pilote Gurvan (annoncé pour le 31 mai), nous suivons Gurvan, un jeune homme qui vient de quitter son monde natal pour faire son service obligatoire comme pilote de chasse dans une guerre stellaire opposant les Terriens à des humains venus d’ailleurs. Le pourquoi de la guerre n’est pas abordé dans les premiers romans ni les adversaires réellement décrits. Il faut attendre Gurvan : les premières victoires pour avoir la confirmation qu’ils sont réellement humains, eux aussi. Et même s’il s’agit d’une trilogie de space opera militaire, ce n’est pas une trilogie militariste. Le protagoniste, malgré son talent inné pour le pilotage, n’arrive pas à concrétiser sa réussite par une victoire (à savoir abattre un vaisseau ennemi) par manque d’agressivité. Ce qui intéresse l’auteur dans cette série n’est pas de parler de la guerre au sens global, mais de la vie des soldats en eux-mêmes. Élevés dans des « materédus » uniquement dans le but d’être soldats, ils sont une espérance de vie très faible dans ce conflit (61 missions environ, soit moins de 3 ans) qui dure depuis des générations. Élevés dans une égalité stricte, il se forme néanmoins des rivalités entre les différents soldats (techniciens auxiliaires, pilotes de vaisseaux de chasse, pilotes chargés de la récupération et des secours, troupes au sol, etc.). Et Gurvan a du mal à comprendre les émotions des gens qui l’entourent (et particulièrement de Dji) et à exprimer les siennes dès lors que cela sort du cadre habituel. L’auteur, aimant particulièrement l’aviation, les descriptions des vols et des combats spatiaux sont nombreuses et assez détaillées sans être particulièrement sanglantes. Et c’est effectivement ce dernier point qui expliquerait l’arrivée des Gurvan dans une collection jeunesse. Même si les livres abordent avec franchise des thèmes « adultes » comme l’endoctrinement, le libre arbitre, la guerre et ses conséquences, P-J Hérault ne joue jamais la carte de l’ultraviolence ou de l’explicite. Ni sang ni scène particulièrement torride, même si la romance fait une apparition discrète au fur et à mesure. C’est une excellente entrée en matière dans un genre de science-fiction bien précis : le space opera. D’autant que chaque livre de Gurvan est assez court (192 pages dans l’édition d’origine Fleuve Noir) avec une mise en page illustrée (mais pas au point de gêner la lecture) plutôt réussie. De quoi lancer une série de light novel à la française, pourquoi pas ?

Sergent-pilote Gurvan
Gurvan : les premières victoires
Officier-pilote Gurvan
d
e P.-J. Hérault
Éditions
Critic

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