Titan

Parfois pour attirer mon intérêt, il ne faut pas plus qu’une discussion sur un réseau social sur le mode de reproduction des centaures. Dans cette discussion mythologico-zoologique passionnante (si, si), La Trilogie de Gaïa de John Varley fut mentionnée. Et me voici quelques jours plus tard, avec son premier tome dans les mains, Titan.
Attaquons directement par ce qui peut être gênant pour une lectrice du XXIe siècle : La Trilogie de Gaïa (et Titan en particulier, mais le tome 2, Sorcière, en est assez proche d’après ce que j’en ai lu du début) est un récit de découverte d’un BDO (Big Dumb Object – Gros Objet Stupide en VF, pas si stupide dans ce cas précis) spatial sous aphrodisiaque. Les personnages humains ne définissent leurs rapports que par qui couche avec qui, qui a couché avec qui et qui veut coucher avec qui, description des actes à l’appui assez succincte heureusement. Et si John Varley dans ce texte de 1979 se veut féministe avec une belle galerie de femmes (humaines ou non), n’échappe pas aux clichés : toutes les spationautes vont subir un avortement pour grossesse non désirée (à la Alien), et l’un de ses personnages ne considérant pas non comme une réponse valide va violer deux de ses compagnes de route (et en subira les conséquences). C’est facile, cliché et surtout mal amené de la part d’une personne qui n’a visiblement jamais subi l’un ou l’autre.
Si vous pouvez passer outre, que raconte Titan ? La rencontre entre une équipe d’exploration humaine partie farfouiller du côté de Saturne et de ses lunes, et d’une roue géante habitée de créatures plus fantastiques les unes que les autres et dominées par Gaïa, représentante d’une espèce extra-terrestre artificielle à la très longue vie fan de cinéma et de télévision.
Le tout donne la rencontre improbable entre Rendez-vous avec Rama d’Arthur C. Clarke et une comédie de seconde zone telle qu’en produisaient à la chaîne le cinéma français et américain des années 80, saupoudré de références mythologiques et d’une version sarcastique du voyage du héros de John Campbell. Et le résultat fonctionne plutôt bien, minus le gros point soulevé au paragraphe précédent. John Varley fait preuve d’invention dans sa construction du monde de Gaïa et dans celle de ses créatures (avec les centaures ou Titanides, mais également les grosses saucisses flottantes et leur système de transport de passagers pour faciliter le transit digestif). Mais également dans les péripéties que traversent ses protagonistes. Et peu à peu, on s’attache à Cirocco et Gaby. Au point, personnellement, d’avoir déjà entamé la lecture du deuxième tome se déroulant vingt ans après le premier. À suivre ? Et la reproduction des centaures dans cette histoire ? Chaque Titanide, ovipare, a trois sexes différents (mâle ou femelle sous le torse, mâle et femelle à l’arrière) et il faut qu’un oeuf préfertilisé issu de l’avant soit imprégné à l’arrière pour donner naissance à un bébé centaure. Assez long comme procédure, avec des regroupements familiaux d’une complexité délicieuse, à base d’avant- et d’arrière-parents.

Titan
de 
John Varley
traduction d
e Jean Bonnefoy
Éditions
Folio SF

Cette publication a un commentaire

  1. Stéphane Gallay

    La « Trilogie de Gaïa » avait été parmi mes premières lectures SF quand j’étais ado (il y a awooooo longtemps), mais quand j’y repense, il y a effectivement quelques trucs franchement cringe quand on le relit avec du recul.

    Mais j’en garde de bons souvenirs, j’avais même repris le nom « Luftmörder » dans une campagne de JDR que j’avais publiée.

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