La collection d’essais scientifiques du Bélial’ s’est désormais enrichie d’un autre titre collectif dédié à une œuvre ayant intégré la pop culture : la saga Avatar née de l’imagination du réalisateur James Cameron et rendue publique avec le premier film en 2009. Donc, après Dune – Exploration scientifique et culturelle d’une planète-univers parue en 2020 sous la direction de Roland Lehoucq, l’éditeur a récidivé en cette fin d’année avec Avatar – Exploration scientifique et culturelle de Pandora, sous la double direction de Jean-Sébastien Steyer et Roland Lehoucq
Néanmoins, les deux livres sont assez différents l’un de l’autre. Là où le premier nous plongeait sans cesse dans l’univers imaginé par Frank Herbert dans ses livres, celui-ci va varier suivant les articles entre un traitement du sujet « in-universe » (qu’est-ce que l’unobtanium ? Comment voyager jusqu’à Pandora ?) et sur des considérations sur l’œuvre elle-même et sa place dans la philosophie (que dit-elle sur le rapport à la nature ? Comment le réalisateur utilise la technique pour nous donner à voir son univers ?). Voire avec l’article de Frédéric Landragin, présente une explication passionnante sur la façon dont une langue fictionnelle se crée et s’enseigne pour être jouée correctement par des acteurs et actrices qui ne sont pas linguistes de formation. Et cette approche risque de dérouter les fidèles de la collection Parallaxe qui s’attendent souvent à des explications scientifiques « dures » et les retrouveront ici mélangées avec d’autres approches qu’elles soient sociologiques, anthropologiques, philosophiques ou artistiques. Il faut dire aussi que, même avec deux films très longue durée (et trois au moins de la parution de cette critique, mais non de la rédaction du livre), James Cameron ne peut proposer un univers aussi étoffé et détaillé que Frank Herbert en six romans de plusieurs centaines de pages chacun (et dont le premier est livré avec ses annexes écologiques, religieuses, historiques écrites comme faisant partie de l’univers lui-même). Il n’y a donc peut-être pas autant de matières à creuser entre Pandora et la Terre futuriste à peine esquissée dans l’histoire pour ne rester que dans le cadre de film.
Cela fait-il pour autant un mauvais livre ? Non, bien au contraire. Ce décalage et ce mélange entre les différents chapitres – ainsi que les nouvelles plumes présentées comme Marion Cuny, Benoît Grison ou Marika Moisseeff – apportent un vent de fraîcheur à la collection et ouvrent de nouvelles pistes de réflexion. De quoi donner envie de revoir les films avec un ou plusieurs nouveaux regards.
Avatar – Exploration scientifique et culturelle de Pandora
ouvrage collectif sous la direction de Jean-Sébastien Steyer et Roland Lehoucq
Éditions Le Bélial’
