Zona Cero

Un correspondant de guerre rentre dans son pays, le Chili et prend un travail facile : couvrir une compétition de surf pas très loin de la capitale. Tout devrait bien se passer non ? Non, car un tremblement de terre frappe soudainement le pays, il échappe à un raz-de-marée et doit rejoindre sa compagne coincée dans le plus haut gratte-ciel de Santiago… Et pour compliquer le tout, le séisme a libéré un mal ancien sous les cimetières de la ville et la capitale est devenue une zone interdite en proie à une étrange épidémie.
Avec Zona Cero, Gilberto Villaroel s’écarte du genre qui a fait son succès en France : le roman historique mâtiné de fantastique lovecraftien. L’auteur signe ici un roman de survie haletant au but simple comme un jeu vidéo : entrer dans Santiago, récupérer différents survivants, dont la compagne du journaliste, et réussir à rejoindre le point d’évacuation avant qu’il ne soit trop tard. Les antagonistes ? Des suceurs de sang dont les capacités évoluent d’un chapitre à l’autre au fur et à mesure qu’ils gagnent en expérience et les joueurs (aka le fameux correspondant de guerre et ses compagnons de route) aussi. Le boss final ? Une célébrité bien connue du monde vampirique, un peu trop évident même s’il faut bien reprocher un petit quelque chose à ce livre. Et comme dans un bon film d’horreur de la fin du 20
siècle, Zona Cero ne se contente pas de proposer de l’action et des répliques percutantes. En faisant traverser la ville à son héros, Gilberto Villaroel écrit à la fois une ode d’amour à son pays natal (et nous offre une petite balade touristique au passage signalant les boissons locales ou les petites habitudes à ne pas rater), et une critique sociale sur l’état de son pays et sur les rapports de celui-ci avec les États-Unis. Le racisme envers les autochtones mapuches, l’oligarchie mafieuse, les restes de la dictature de Pinochet, la face cachée de l’Église catholique, etc. Et le petit groupe de survivants, dont la composition change au fur et à mesure de la progression, reproduit ces tensions entre le journaliste qui a un regard extérieur sur l’évolution de son propre pays, les gros bras des forces spéciales américaines, les mineurs communistes en pleine grève de la faim au moment de la catastrophe, etc.
Avec ce roman, l’auteur réussit donc à nous raconter une histoire à plusieurs niveaux de lecture : une traversée dans un monde vampirique à la Je suis une légende de Richard Matheson, une allégorie sur les tensions qui traversent la société chilienne (avec certains passages explicatifs pour les non-locaux, utiles, mais qui coupent un peu le rythme, et une lettre d’amour à son pays. Si vous l’avez découvert avec les aventures de Lord Cochrane, ne soyez pas surpris. Le ton de Zona Cero est très différent et le flot du récit est bien plus tumultueux tout du long du parcours. Avec une fin abrupte [qui rappelle les films de genre qui l’ont probablement inspiré], ce roman est un régal d’action pour qui aime les vampires ou les récits de survie horrifiques. Chaudement recommandé pour un bon shoot d’adrénaline !

Zona Cero
de 
Gilberto Villaroel
traduction de
Carole Fillière
Éditions
Aux Forges de Vulcain

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