Acheté sur un coup de tête en même temps que The Fisherman, The Peacemaker de B.L. Blanchard est enfin sorti de ma pile à lire cet été (oui, je sais, mais les piles à lire trop importantes ont parfois tendance à se comporter comme des trous noirs… Et même les chroniques qui s’en suivent prennent du retard). Et ? C’est finalement une assez bonne surprise. The Peacekeeper entre dans la catégorie des polars uchroniques. La partie polar reste assez classique et se révèle plutôt prévisible. J’avais deviné l’identité du coupable avant la moitié du livre. Mais cela ne m’a pas empêchée de continuer à dévorer ce roman pourtant écrit en partie en anishinaabemowin (langue parlée par les peuples indigènes de la région des Grands Lacs en Amérique du Nord.
C’est d’ailleurs dans cette région que se déroule l’histoire. En une année 2020 fictive où le Covid n’a pas semé la zizanie, mais surtout où les Européens n’ont jamais colonisé les autres continents. Et donc où en Amérique, outre les empires inca ou maya plus au sud, les différentes tribus au nord se sont regroupées en pays et en fédérations. Nous suivons Chibenashi, gardien de la paix local, qui enquête sur un meurtre dans son village, vingt ans jour pour jour après le précédent : celui de sa mère, pour lequel son père était le coupable idéal. Et si ce n’était pas le cas ?
Plus que l’enquête elle-même, ce qui captive dans The Peacekeeper, c’est le monde que l’autrice dépeint avec des règles de société différentes : une vie plus communautaire sans être communiste (l’autrice est certes ojibwée comme la plupart de ses personnages, elle est aussi étatsunienne, il s’agirait de ne pas trop pencher à gauche pour effrayer son lectorat !), une conception de la justice basée sur la réparation plus que sur la punition, des concepts architecturaux et ferroviaires étonnants (surtout quand on connaît l’état déplorable du réseau de chemins de fer aux USA au XXIe siècle). Du coup, la psychologie des personnages et leurs motivations diffèrent de ce qu’on pourrait attendre dans notre société. C’est ce qui rend cette enquête si passionnante, et si déchirante pour le protagoniste. Au final, malgré quelques longueurs et facilités dans le déroulé des faits, j’ai particulièrement apprécié ma lecture. Au point de lire un jour l’autre volet du dyptique The Mother, qui se déroule dans le même univers, mais en Angleterre ? Peut-être bien…
The Peacekeeper
de B.L.Blanchard
Éditions 47North