Vous connaissez ce phénomène où partie pour acheter un livre, vous en mettez un autre dans votre panier pour une raison ou une autre ? C’est ce qui est arrivé avec The Fisherman, acheté en même temps que My Heart is a Chainsaw, mais depuis laissé de côté… Jusqu’à ce que la période autour d’Halloween me donne envie de plonger dans une histoire d’horreur. Pourquoi pas ce roman de John Langan ?
Et me voilà plongée dans une histoire de deuil, de culpabilité du survivant et de… pêche à la ligne. Une ? Non, plutôt trois histoires enchâssées les unes dans les autres. La première est celle d’Abe, un veuf qui a perdu sa femme après de trop brèves années de mariage et qui noie son chagrin dans la pêche de loisir dans les différents cours d’eau qui parsème les Catskills. Il est rejoint par Dan, un collègue de travail qui a perdu sa femme et ses enfants dans un accident de voiture et qui a entendu parler d’un mystérieux coin de pêche, The Dutchman Creek. La deuxième histoire – et celle qui prend le plus de place en termes de pages – est le récit d’Howard concernant l’origine de The Dutchman Creek et les dangers qui s’y cachent. La troisième, plus suggérée que réellement racontée, nous déplace en Europe et concerne les événements qui ont conduit Rainer Schmidt à être évincé de son poste à l’université de Hanovre. Ces histoires ont toutes des points communs (le deuil, la volonté de protéger les siens, la culpabilité du survivant) et un personnage central (Le Fisherman qui donne son nom au livre). Et pourtant chaque histoire va avoir son ton, son horreur précise. Celle d’Abe et Dan évoque les récits de Stephen King ou de Peter Straub, celle se passant au tournant du siècle (le XXe) racontée par Howard oscille entre une horreur poisseuse de films des années 50 et les récits d’Edgar Allan Poe et celle en Allemagne a plus une atmosphère de pulp ou de penny dreadful.
Vous l’aurez compris, avec The Fisherman il en a pour tous les goûts à condition d’aimer l’horreur et de ne pas avoir peur du sang et des viscères. De plus, John Langan sort des sentiers battus dans ses choix de monstres. Même si son Howard, narrateur d’une des histoires vient de Providence et est clairement une allusion à H.P.Lovecraft, les créatures qui s’agitent sous les rivières des Catskills n’ont rien à voir avec Cthulhu et le reste de la famille. Il ne s’agit pas non plus d’horreurs liées à une famille recluse cannibale ou pervertie par la religion. Mais plutôt un mélange original de mythes autour des nymphes aquatiques de différentes origines, de la mythologie égyptienne et de magiciens… Le tout, en oscillant tout le temps entre le fantastique et des considérations nettement plus terre à terre, offre une promenade horrifique plaisante jusqu’à la dernière page. Mais personnellement, je n’irai pas faire de partie de pêche de sitôt !
The Fisherman
de John Langan
Éditions Word Horde