L’homme truqué

Assez discrète, l’Opération Bol d’air dévoile de petits bijoux littéraires durant cette période de lecture confinée. Elle proposait notamment la semaine dernière de découvrir un texte historique de la science-fiction française : L’Homme truqué de Maurice Renard. Et pourtant, écrit en 1921, le texte portait sur une thématique qui ne m’attire pas particulièrement : la Première Guerre mondiale et ses « gueules cassées ». Mais je me devais de lire l’un des pionniers de la science-fiction française.
Et je ne fus pas du tout déçue. L’histoire a un style daté proche des feuilletons paraissant alors dans les journaux, mais l’écriture est claire, légère et peu encombrée. À peine ai-je dû jeter un œil dans le dictionnaire pour me faire une idée du son d’une serinette. Courte, l’histoire commence comme un polar par la découverte du corps du narrateur,
visiblement tombé dans un traquenard le long d’une route de campagne. Par miracle, son récit caché dans une poche intérieure de son costume n’a pas disparu.
Et là, le récit entre de plain-pied dans la science-fiction avec le retour miraculeux d’un voisin que l’on croyait mort au front. En réalité, l’homme devenu aveugle lors d’une bataille a été récupéré par les Allemands et envoyé vers l’arrière dans un mystérieux château. Là, on lui greffa des yeux mécaniques d’un genre nouveau. Ayant réussi à s’évader, il est revenu dans son village natal
pour y finir ses jours. En paix ?
Très court, avec à peine 145 pages, L’Homme truqué est un récit pourtant complet avec des bases scientifiques solides (pour l’époque), sans être trop jargonneux, et un équilibre plutôt bon entre l’action, la description des états d’âme des différents personnages et l’aspect scientifique. S’il n’entre pas dans les détails, la honte ressentie par cet aveugle défiguré par la guerre et la science est bien décrite, ainsi que son envie légitime de ne plus servir de cobaye, même vis-à-vis de son ami médecin, pourtant bien intentionné. Tout juste peut-on reprocher à l’auteur un retournement de situation plutôt prévisible, et au narrateur une certaine naïveté ?

L’Homme truqué
de
Maurice Renard
Éditions L’A
rbre vengeur

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