Les sept divinités du bonheur

Voici un livre voyageur par excellence. Je l’ai offert sans le lire auparavant, et que quelque temps plus tard, le destinataire me l’a prêté en estimant qu’il allait me plaire. Bonne pioche, encore une fois, Keigo Higashino a su me captiver avec Les sept divinités du bonheur. Il s’agit à nouveau d’un polar, mais à la différence de Un café maison et Le dévouement du suspect X, il ne met pas en scène son professeur d’université physicien habituel, mais Kaga Kyōichirō un enquêteur de la police de Tokyo aux méthodes tranquilles et peu orthodoxes. Dans Les sept divinités du bonheur, l’histoire commence sur le pont de Nihonbashi, le point zéro des routes du Japon. Un soir, un homme d’affaires s’y effondre, un couteau planté dans la poitrine. Peu après, un jeune chômeur prend peur devant un policier et se fait renverser par un camion : il avait en sa possession le porte-monnaie et la sacoche de la victime. Affaire classée ? Cela arrangerait bien les affaires de la préfecture, mais tout n’est pas aussi simple.
Dans son récit, Keigo Higashino nous entraîne dans les pas du groupe d’enquêteurs, mais également dans ceux de la famille de la victime, Aoyagi Takeaki et dans ceux de Kaori, la petite amie du principal suspect. Au fil de l’enquête, il va aborder différents problèmes inhérents à la société japonaise de 2014 où se déroule son histoire. La famille Takeaki, aisée financièrement, montre le délitement des liens familiaux : ni son épouse, ni son fils lycéen, ni sa fille collégienne ne savaient exactement ce que faisait Aoyagi comme travail, ni comment il occupait ses loisirs, ni même s’il avait des croyances religieuses ou non. Kaori, elle, comme son compagnon venait de Fukushima (peut-être après la catastrophe qui avait frappé la région en 2011). Tous deux sans famille ni grande éducation, ils tentaient de survivre en multipliant les petits boulots et l’intérim. Mais il va également parler de harcèlement scolaire, et de la façon dont certains drames sont étouffés pour ne pas faire de vagues, aborder le malaise adolescent, ou encore dévoiler certaines coutumes religieuses japonaises comme le fameux pèlerinage des sept divinités (rendre visite à huit sanctuaires dans un même quartier, ou une même ville, honorant chacune de ces divinités, le plus souvent pour la nouvelle année) ou le respect dû au défunt.
Et comme toujours, Keigo Higashino fait preuve d’une grande humanité dans son récit. Il parle de choses difficiles, mais sans tomber dans le glauque ou le voyeurisme. Ses personnages sont tous attachants et surtout, très important pour une bonne enquête policière en fiction, la fin surprend et ne se devine pas aisément dès les premières pages. L’auteur multiplie les fausses pistes, les détours tout en semant peu à peu des indices discrets qui, une fois l’énigme résolue, vous font reposer le livre, satisfait de ne voir aucun élément oublié et toutes les pièces du puzzle s’agencer parfaitement.

Les sept divinités du bonheur
de Keigo Higashino
traduction de Sophie Rèfle
Éditions Actes Sud

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