Encore une fois, voici un livre qui m’a été chaudement recommandé par différentes connaissances, et que j’ai mis du temps à lire. Et pourtant… La Cité de l’orque de Sam J. Miller joue habilement avec les codes du cyberpunk pour conter une histoire à la fois épique et intimiste, plutôt originale. Jugez-en… Nous sommes au 22e siècle, la montée des eaux et la course effrénée à l’immobilier ont entraîné un effondrement des grandes puissances comme les États-Unis au profit d’autres acteurs : pays comme la Chine ou la Suède, compagnies ou mystérieux « actionnaires » anonymes. Pour survivre, l’Humanité s’entasse dans des cités flottantes, dont Qaanaaq au cercle arctique, où se déroule le récit. Dans cette ville cosmopolite dirigée par un conglomérat de logiciels (qui ne sont pas des intelligences artificielles, mais des programmes évolutifs conçus par les architectes de la ville), une femme débarque un jour à dos d’orque accompagnée d’un ours blanc encagé.
La Cité de l’orque est à la fois l’histoire d’une révolution contre un système tout aussi oppressif qu’il est impersonnel, que celle de la réunion d’une famille étrange où chacun de ses membres est ressorti meurtri de la violente séparation qui leur a été imposée. Aux éléments classiques du cyberpunk que sont l’utilisation de drones, de systèmes de surveillance par implants ou de nanites, La Cité de l’orque va ajouter des éléments comme les « failles » une maladie donnant accès aux souvenirs et à la conscience des autres malades, la possibilité de partager sa conscience avec un animal ou divers éléments autour des différents genres humains et de la façon dont ils s’envisagent à cette époque.
Non dénué de défauts dont quelques longueurs et un choix étrange du pluriel pour faire parler le seul personnage non-binaire du lot, La Cité de l’Orque surprend par son originalité et la force de ses personnages. L’auteur développe un point de vue intéressant qui fait que je me pencherais volontiers sur ses autres romans.
La Cité de l’orque
de Sam J. Miller
traduction de Anne-Sylvie Homassel
Éditions Albin Michel Imaginaire