Central Station

Qui a dit que les histoires cyberpunk devaient être froides et ultraviolentes ? Certainement pas Lavie Tidhar avec Central Station, son récit qui sent bon l’orange, le thé à la menthe et la brise marine. Dans ce roman, l’écrivain imagine un futur pour Central Station, actuellement gare routière à mi-chemin entre Tel-Aviv et Jaffa. Quelques siècles plus loin dans le futur, quand l’humanité aura colonisé le système solaire et fait ses premiers pas à l’extérieur de celui-ci, Central Station sera l’un des principaux spatioports de la planète. Et sous lui, prospèrera un quartier ni juif, ni arabe, mais un peu des deux et des différentes ethnies migrantes qui s’y sont installées. Chinoises, nigérianes ou philippines, mais également des robotniks, cyborgs de guerres passés condamnés à la mendicité et aux trafics, des robots, des Autres — entités virtuelles n’ayant pas renoncé à comprendre l’Univers 1 de leurs créateurs, des dieux et des vampires…
Central Station reprend en livre le principe du film La Ronde, chaque chapitre peut se lire comme une nouvelle et présente une tranche de vie d’un des habitants du quartier ou d’un nouvel arrivant. Et le suivant s’y raccroche avec un personnage accessoire qui devient alors
central dans le nouveau chapitre.
Peu à peu, l’histoire de ce quartier et des jeunes messies qui y sont nés/y ont été crées se trace. On y découvre comment robots, cyborgs, IA et humains se côtoient, partagent les mêmes religions et s’aiment parfois. Lavie Tidhar connaît ses classiques de la science-fiction et y glisse des références savoureuses : comme les vers géants qui hantent le désert du Sinaï, les Martiens ReCrées échappés de la saga d’Edgar Rice Burroughs ou C’Mell le pseudo d’un des personnages dans le monde virtuel qui entoure l’Univers 1. Ou surtout sa réinterprétation de la Shambleau, vampire de l’espace comme dans la nouvelle de C.L.Moore, mais qui ici aspire les données et les souvenirs de ses victimes au lieu de leur force vitale. Face à un homme infirme, car non connecté à la Conversation, le successeur d’Internet, elle se retrouve démunie, mais capable de l’aimer sans risque.
En douceur, par petites touches, Lavie Tidhar raconte un récit choral d’une grande beauté où la cruauté et la détresse se mêlent à la beauté des petits riens du quotidien et à l’espoir. De quoi donner envie d’en lire d’autres du même auteur.

Central Station
de
Lavie Tidhar
Éditions
Tachyon

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.