Au cas où vous découvriez ce site, sachez que la mythologie et l’horreur me fascinent. Sachez également que j’aime beaucoup la bande dessinée. Mais, si je regarde avec plaisir des anime japonais, je n’ai jamais accroché aux mangas. Jusqu’à trouver Kitaro le repoussant de Shigeru Mizuki au détour de l’exposition Enfers et Fantômes d’Asie qui vient de se terminer au Quay Branly. Plus que le sens de lecture inversé, c’était l’absence de couleur qui me gênait pour distinguer les personnages les uns des autres. Dans Kitaro le repoussant, ce noir et blanc est nettement moins gênant. Franchement daté dans le Japon des années 60, le style du manga fait penser aux très vieux films d’horreur des années 50 comme La créature du lac Noir ou The Thing from Outer Space. En nettement plus comique.
Le personnage principal de ces récits, Kitaro est un yôkaï c’est-à-dire une créature surnaturelle japonaise, dernier représentant des morts-vivants dans l’archipel. Recueilli et élevé tant bien que mal par des humains, il parcourt l’archipel et essaie d’apaiser les tensions entre humains et yôkaï, et en croisant parfois des créatures surnaturelles européennes comme un vampire français et le Loup-garou de Londres. Malgré sa thématique liée à l’épouvante ou au fantastique, Kitaro le repoussant est un manga attachant qui utilise souvent les ressorts de l’absurde et de la comédie pour aider Kitaro à se sortir des pires situations. Et les monstres ne sont jamais réellement effrayants tel qu’ils sont ici dessinés. Quoiqu’avoir un œil doté de bras et de jambes pour père pourrait être passablement dégoutant dans la réalité. Le fond de ce manga est plus un appel à la tolérance et au respect des légendes locales qu’une réelle envie de faire peur à son lectorat. Du coup, adultes comme adolescents pourront largement apprécier ce manga. D’autant plus que la série est terminée depuis longtemps et que les onze tomes sont disponibles en français.
Kitaro le repoussant
Shigery Mizuki
Traduction de Sakoto Fujimoto et Eric Cordier
Éditions Cornelius