J’ai profité des Utopiales pour compléter mon exploration de la collection RéciFs en achetant sur place Foodistan – Après la faim dans le monde, et en ayant une dédicace adorable – à paillettes ! – de son autrice, Ketty Steward. Qu’est-ce que ce court livre ? Un roman ? Non. Un recueil de nouvelles ? En partie oui. De poésie ? Également, en vers assez libre. Un livre de recettes ? Non, mais il y en a aussi, dont certaines très tentantes.
Foodistan est né à partir de deux nouvelles Light (parue dans Le Ventre et L’Oreille) et De Gustibus (parue dans l’anthologie Marmite et Micro-Ondes). Ketty Steward nous livre dans ce recueil des vignettes de l’histoire de Maelle Aromy, serrurière au Foodistan. Le Foodistan étant le nouveau nom de la France après la Faim dans le monde qui a bouleversé la société et forcé celle-ci à revoir son organisation (en fonction du régime alimentaire de chacun) et même son langage. La « crise » y devient donc la « cerise », la famille se transforme en « vanille » et la « fin » devient logiquement la « faim ». Ces tranches de vie, entre coupées de listes, et de recettes inspirées d’univers science-fictifs, sont classés par ordre chronologique avec comme fil rouge sa rencontre avec une réfugiée de Hungerland (les territoires fortifiés où se sont enfermées la crème de la crème des grandes fortunes avec leurs serviteurs et leurs familles, faisant croire à ces derniers que le monde extérieur n’existe plus).
L’écriture de Foodistan est savoureuse et gourmande. Et au-delà de l’exercice de style, très plaisant en lui-même, l’autrice nous tend un miroir pour y voir les travers de notre monde, mais également la beauté qui s’en dégage. Et une fois les 121 pages de ce petit livre dévorées, nous n’avons plus qu’une envie : revisiter le Foodistan de Maelle. Un jour prochain ?