Warhol Invaders

Et si ? Et si l’informatique était devenue réellement grand public dès la fin des années 60, sous l’égide d’Andy Warhol ? Et si aux tensions entre tenants de l’ordre établi et mouvements hippies et contestataires, se superposaient les tiraillements sur le contrôle de ces ordinateurs entre les grands groupes industriels de l’époque et de nouvelles communautés prônant l’ouverture des réseaux ?
C’
est cette uchronie avec juste ce qu’il faut de décalage avec notre réalité pour intriguer le lecteur que nous propose Nicolas Labarre avec Warhol Invaders. Nous y suivons à quatre moments clés de sa vie, Susan, pionnière de l’informatique. D’abord bricoleuse de génie présentant avec son amant l’objet qu’ils ont conçu à Andy Warhol, puis égérie de la contre-culture dans la campagne tourangelle du début des années 70, éminence grise d’une candidate démocrate à l’investiture pour les présidentielles étasuniennes de 1974 et enfin, grande gourou de l’informatique s’apprêtant à dévoiler le premier système d’exploitation indépendant des machines en novembre 1980.
En commençant ce livre, je ne savais pas à quoi m’attendre. En effet, la première partie commence comme un roman noir, puis la deuxième s’apparente à un polar à la française, la troisième s’oriente
vers un pseudoreportage de terrain, etc. Et, même si elle reste le personnage qui sert de fil rouge entre les différentes époques, Susan n’est que rarement au centre du récit une fois la première partie passée. Pour autant, Warhol Invaders est à classer dans les « pages turners », ces livres qui se lisent tout seuls en se demandant en permanence où l’auteur va vous emmener.
D’autant plus si vous avez quelques connaissances concernant l’histoire de l’informatique et celle de la seconde moitié du XXe siècle. Cette uchronie prend alors toute sa saveur en
remoulinant les débats qui agitent l’informatique depuis des décennies (communautés libres versus solutions propriétaires, impacts sur l’environnement et le libre arbitre, place des femmes dans l’informatique, etc.) avec ce décalage temporel. Il est alors délicieux de rapprocher les événements racontés de ceux qui se sont réellement passés à la même époque ou au même endroit. Si vous n’avez pas d’appétence particulière pour l’informatique, il vous restera une bonne histoire et l’occasion de vous interroger sur les liens que vos machines connectées tissent entre vous et le monde.

Warhol Invaders
de 
Nicolas Labarre
Éditions Les
Moutons électriques

 

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