Mary

Ayant découvert l’auteur avec Nestling, et ayant adoré sa proposition d’horreur, j’étais curieuse de lire ce que donnait son œuvre précédente présentée par la critique US comme un mélange entre Midsommar et Carrie, le tout à la ménopause. Et le moins que l’on puisse dire est que Mary, puisque tel est le nom du livre, est une œuvre dense et particulièrement sanglante dans laquelle l’action est largement au rendez-vous.
Le prologue fait fort : nous assistons à la mort d’un shérif lors de la tentative d’arrestation d’un tueur en série dans une étrange demeure dans le sud-ouest des États-Unis. Chapitre suivant : nous voilà à New York à suivre Mary, employée dans une librairie alors qu’elle se fait congédier et qu’un appel de sa tante la rappelle dans sa ville natale. Et à ses mauvais souvenirs de l’endroit… Et comble de malheur, elle entre en périménopause et doit gérer des bouffées de chaleur, des suées importantes et des changements d’humeur plutôt radicaux, tout en n’étant pas la personne la plus stable qui soit avec ses Chers Amis de porcelaine qui l’incitent à être une Bonne fille, la voix dans sa tête qui la pousse à la violence et les miroirs qui se la jouent portrait de Dorian Gray avec elle. Quand arrivée chez sa tante, elle voit une femme nue ensanglantée avec une taie d’oreiller sur la tête, les choses ne peuvent que dégénérer.
Mal à l’aise en société, avec des problèmes de mémoire et visiblement une enfance traumatisante, Mary n’est pas franchement une narratrice fiable, loin de là… Il est souvent difficile de démêler ce qui relève de la réalité (y compris les divers fantômes en goguette dans la ville), de ses souvenirs hachés ou de s
es hallucinations. Et de victime potentielle, elle passe à un tout autre rôle. À mesure que le livre lui-même change de registre : d’une histoire de slasher plus ou moins surnaturelle, l’intrigue s’oriente vers du folk horror avec une population refermée sur elle cachant un culte secret puis vers le massacre mystique en appelant à la rescousse certaines créatures issues de la mythologie grecque. Certes, le final est un peu confus, avec une explication officielle du FBI des faits un peu trop arrangeants avec la réalité, mais la lecture de Mary est prenante. Même s’il le rappelle lui-même, Nat Cassidy n’est pas une femme en pleine périménopause, à travers son personnage il rappelle les bouleversements que traversent de nombreuses femmes à cette période, non seulement dans leur corps, mais également dans la façon dont la société les perçoit – ou plutôt les invisibilise, une fois qu’elles ont perdu toute utilité reproductrice. Et si toutes ne choisissent pas une voie aussi sanglante que celle de Mary ou Nadine, il montre que ces changements peuvent être également une source de force et de renouveau pour qui les accepte et fait la paix avec sa propre identité. Attention, ce n’est pas un livre de réflexion, mais bien une histoire d’horreur bourrée d’action, de sang et non dénuée d’un certain humour au passage. Et si l’auteur a pris la peine de mettre un avertissement sur le contenu avant la première page, ce n’est pas pour rien. Il est amplement mérité. Estomacs fragiles, s’abstenir ! Les autres ? Régalez-vous !

Mary
De
Nat Cassidy
Éditions
Tor Nightfire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.