La Tragédie de l’orque

Parmi les différentes petites maisons d’édition que je suis, Aux forges de Vulcain a la particularité de proposer aussi bien de la littérature généraliste que de la littérature de genre. Et si leurs ouvrages ne sont pas à chaque fois à mon goût, leur lecture en est toujours surprenante. Quand la maison a annoncé sa première trilogie spatiale, j’étais très curieuse. D’autant que son auteur, Pierre Raufast, n’était pas spécialement associé à la science-fiction et que je ne connaissais de lui que Habemus Piratam, un polar dans le milieu de la sécurité informatique.
La Trilogie baryonique s’ouvre donc avec La Tragédie de l’orque. Posons le décor. Nous sommes à un peu plus d’un siècle dans le futur, l’Humanité a subi les conséquences de la Grande migration et a échappé de justesse aux pires prédictions sur le réchauffement climatique. Des vaisseaux sphériques sillonnent le système solaire et y creusent des trous de vers pour aller visiter et « miner » d’autres coins de l’espace en cherchant le nouveau Graal : de l’antimatière. Un jour, un accident survient. L’un de ces vaisseaux est perdu dans l’espace, laissant derrière lui un trou noir non loin de Mars. Faut-il tenter de sauver son équipage ? Essayer de refermer le trou noir, ni vu ni connu ? Ou attendre en espérant que les choses s’arrangeront toutes seules ?
Dans ce roman, Pierre Raufast va alterner les points de vue : l’équipage du vaisseau en perdition, celui du vaisseau de retour de mission qui pourrait ou non se détourner pour les secourir, et ceux des gens restés sur Terre – proches des marins-mineurs, simples spectateurs ou employés d’une des deux agences spatiales qui se concurrencent. Et comme si cela ne suffisait pas, il nous propose en sus une réflexion sur l’intelligence artificielle et les assistants virtuels qu’ils soi
ent dans le monde professionnel (les Experts) ou dans la sphère privée (avec les Masterbots domotiques ou les Sofia confidentes des plus jeunes). Ceux-ci forment-ils une nouvelle espèce sentiente potentiellement hostile aux humains ? Et ces derniers peuvent-ils encore penser et décider par eux-mêmes ?
Si ces interrogations sont très intéressantes et s’il est d’autre part très rafraîchissant de voir des personnages loin d’être parfaits, mais au contraire bourrés de failles, de préjugés et d’une bonne dose d’égoïsme, le tout fait de La Tragédie de l’orque un roman court, mais très dense. Un peu trop roboratif par moment quand, pour comprendre les enjeux de son récit, Pierre Raufast prend un ton professoral en se lançant dans de longues explications sur l’antimatière, le déplacement spatial ou les enjeux de l’intelligence artificielle distribuée. J’avoue que j’ai parfois allégrement décroché comme en cours un vendredi après-midi en dernière heure. Hélas, le tout ralentit le rythme. N’est-ce que le défaut lié au fait d’être le premier volet d’une trilogie ? Il faudra attendre octobre et la sortie du deuxième tome pour le savoir. Et même si le sort des naufragées est connu à la fin de la Tragédie de l’orque, j’avoue être curieuse de découvrir la suite.

La Tragédie de l’orque
La trilogie baryonique t.1

de Pierre Raufast
É
ditions Aux forges de Vulcain

NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M1C5. Il peut correspondre également aux catégories #M1C2, #M1C6, #M2C4, #M2C5, #M3C6, #M4C1, #M4C6 et #M5C6.

Cette publication a un commentaire

  1. Je partage totalement ton avis mais j’ai toujours bien aimé les cours du vendredi après-midi ! :-p

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