Parfois, rien ne vaut une lecture commune (c’est à dire lecture d’un même livre par plusieurs personnes à peu près en même temps qui partagent au fur et à mesure leurs impressions) pour vider sa pile à lire de livres assez volumineux (plus le livre est gros et si les participants ont un rythme similaire de lecture, plus les discussions durent et donc le plaisir du partage). Et c’est ainsi que La Cité des marches, le tome 1 des Cités divines de Robert Jackson Bennet sortit enfin de mes livres en attente.
Ici l’auteur nous plonge dans un monde de fantasy où deux structures politiques s’opposent depuis des siècles : au nord le Continent grâce aux Divinités qui y siégeaient chacun dans sa zone dominait (et réduisait en esclavage) Saypur au sud. Jusqu’à ce que soixante-dix ans avant le début de notre histoire, un héros saypurien tue les Divinités du Continent et donne désormais l’avantage économique et militaire à Saypur. Quand un meurtre d’historien saypurien se produit à Bulikov, ancien Siège du Monde pour le Continent, l’une des descendantes du héros est envoyée pour enquêter. Et si les Divinités n’étaient pas toutes mortes ?
Comme tout bon roman de dark fantasy, vous aurez droit ici à de la magie avec un système basé sur les anciens dieux (mais sans avoir besoin de croire en eux), des intrigues politiques et familiales complexes à souhait, des combats spectaculaires, des monstres originaux mais horribles à souhait et des personnages en face plutôt hauts en couleurs (si ce n’est en taille pour la protagoniste assez frêle). Le tout avec une intrigue rondement menée, un style accrocheur et l’envie de découvrir ce qui se cache au prochain chapitre. Sauf que Robert Jackson Bennet est à la littérature de l’imaginaire ce que sont M. Night Shyamalan ou Robert Eggers au cinéma. De bons créateurs, mais il y a toujours un moment où je décroche et je finis par trouver leurs œuvres trop prévisibles, trop splendides, trop « suivant la recette et cochant toutes les cases pour bien montrer notre talent » pour que je m’y investisse et m’y attache. Et même si j’avais relevé déjà des facilités (le secrétaire appartenant à un peuple dont le prince héritier a mystérieusement disparu, l’ex-amant dont on apprend qu’en fait il avait un frère…) avant dans le livre, c’est le « deus ex machina » aux trois-quart du récit qui m’a fait lever les yeux aux ciel et comprendre ce qui allait se passer ensuite. Et tout s’est ensuite déroulé comme prévu, même si c’était certes très bien écrit et agréable à lire.Toutefois, je crois que je ne poursuivrais pas la saga et m’arrêterais à cette étape dans la tournée des Cités divines. En revanche, si vous aimez la fantasy épique et assez sombre et qu’emprunter des chemins mille fois balisés ne vous ennuie pas, tentez l’aventure, peut-être (et surement si j’en crois les commentaires de mes co-lecteurs et lectrices) que le charme de l’auteur agira mieux sur vous que sur moi ?
La Cité des marches
de Robert Jackson Bennett
traduction de Laurent Philibert-Caillat
Éditions Albin Michel Imaginaire