Vous l’aurez constaté. S’il est un genre bien peu présent sur ce blog, c’est bien l’autobiographie. Outre le fait que je préfère souvent lire pour m’évader plutôt que pour entrer dans la vie des gens, le côté complaisant et/ou larmoyant de la plupart des textes de ce genre me rebute. Alors j’avoue que, quand l’autrice de ce livre m’a proposé un service presse pour le lire, j’étais bien embêtée… La dame est adorable, drôle, intelligente et charmante sur les réseaux sociaux, mais… Et si je n’aimais pas ce texte, alors qu’il est si important pour elle ? Comment lui dire ?
Fin du suspense : le fait même que j’en parle ici prouve que… j’ai adoré Une grossesse ordinaire de Sushina Lagouje. Pourtant, je ne suis pas la cible première : je n’ai pas de handicap similaire au sien, ni ne connaît de personne dans ce cas dans mon entourage proche ; et je n’ai absolument aucun projet de grossesse en vue ni connu ce genre de parcours difficile. Mais j’ai été scotchée par sa plume et par cette découverte d’une tranche de vie si éloignée de ma propre expérience. Donc, de quoi parle ce livre ? De Sushina, jeune femme atteinte d’une amyotrophie spinale (et donc vivant en fauteuil et ayant besoin d’assistance pour les gestes du quotidien), et de son parcours pour avoir un enfant alors que, dès l’âge de 9 ans, le verdict du corps médical avait été brutal : « de toute façon, avec sa pathologie, elle ne pourra pas avoir d’enfants. » Pour les personnes la suivant sur les réseaux sociaux, pas de surprise : les médecins se sont trompés, et nous suivons avec délice la découverte du monde par l’Enfant juchée sur le fauteuil de sa mère en pleine course ou non.
Et donc le livre ? L’autrice nous y raconte brièvement ses premiers pas dans l’âge adulte, la vie professionnelle et le mariage avant d’arriver au cœur du sujet : l’envie d’avoir un enfant et les différentes solutions s’offrant – ou non – à elle. Et surtout des différents obstacles qu’elle va rencontrer tant internes (dont l’anxiété, compréhensible, n’est que le moindre) qu’externes (entre les médecins refusant dès le principe ou pire insistant pour une IMG alors que la grossesse est largement enclenchée, les lieux d’examen pas adaptés, les procédures d’office, l’absence d’écoute de la principale intéressée et les remarques plus que désobligeantes de certaines…) pour y parvenir, mais également une fois que l’enfant sera là. L’autrice prend même la précaution de signaler dès le préambule que les chapitres 9 à 18 seront difficile à lire pour certaines personnes et expliquant pourquoi. Et elle n’a pas tort ! Donc, si vous vous sentez concernées, n’hésitez pas à les sauter ou à prendre vos précautions (et sautez le 13 !).
Malgré cet avertissement, le plus souvent, le texte est très drôle : désolée Sushina, j’ai éclaté de rire en t’imaginant telle la pierre d’Excalibur avec cette série de pseudo-Arthur médicaux. Il se lit comme un polar en tournant les pages à toute allure, et, mine de rien il regorge également d’informations. Alors que, visiblement, les informations manquaient fortement quand l’autrice s’est lancée dans ce projet. Le résultat est un livre court, passionnant et informatif, antithèse de tout ce que je déteste dans les autobiographies, donc bravo !
Une grossesse ordinaire
de Sushina Lagouje
Éditions Double Ponctuation