Station Eleven

Que se passe-t-il après la fin du monde ? Comment des gens ordinaires vivent-ils la fin de tout ce qu’ils connaissaient et s’adaptent à un nouveau monde quitte à s’y recréer une nouvelle vie ? C’est certes l’un des thèmes les plus classiques de la science-fiction, mais dans Station Eleven, Emily St. John Mandel y apporte une réponse originale et chorale sans jamais faire intervenir un scientifique contrairement au film catastrophe de base. Si la station du titre n’est qu’un lieu imaginaire et le titre d’une bande dessinée accompagnant certains de ses personnages, ce roman prend un prisme intéressant pour narrer cette histoire entre Toronto et la Virginie : la création artistique et la culture, maillon « non-essentiel » de la vie et pourtant ô combien indispensable.
Tout commence quelques heures avant la fin du monde proprement dite, sur une scène à Toronto. Là, en pleine représentation du Roi Lear, l’acteur principal fait une crise cardiaque sous les yeux de Kirsten, une toute jeune actrice à qui il vient d’offrir les BD Station Eleven. Ancien paparazz
o et élève infirmier, Jeevan n’arrive pas à le sauver.
Vingt ans plus tard, la catastrophe a eu lieu, une épidémie de grippe foudroyante a éliminé en moins d’une semaine 99 % de la population mondiale. Kirsten a survécu et joue toujours Shakespeare au sein d’une troupe d’acteurs et de musiciens sillonnant la région des Grands Lacs entre le Canada et les États-Unis. Elle va se trouver confrontée à un prophète dangereux, mais avec lequel elle partage de nombreux points communs.
Par petites touches, Emily St.John Mandel dresse le portrait d’un nouveau monde en montrant différents personnages dans leurs vies d’avant, au moment de la catastrophe et pour les survivants, dans leurs vies actuelles. Tous ont un point en commun : elles et ils ont connu Arthur, l’interprète fatigué du Roi Lear. Ex-femmes, meilleur ami, enfants, simples personnes croisées dans sa vie professionnelle, leur rencontre avec Arthur les a marqués, mais a également défini leur vie post-épidémie. Le parcours de Kirsten et de sa troupe pour aussi mouvementé qu’il est ne sert que de fil rouge entre chacun d’entre eux, jusqu’à la conclusion qui permet de comprendre qui est qui.
Bien qu’écrit en 2013 avant la pandémie actuelle, Station Eleven est un roman particulier à lire en 2021. Plein de mélancolie, il fait à chaque fois la comparaison entre le monde d’avant et le monde d’après sans espoir de retour en arrière. Et pourtant, une douce musique imprègne le texte et l’on se retrouve à tourner les pages presque sans en apercevoir. Ce ne sera pas un roman que je relirais, mais j’ai pris plaisir à le découvrir et à en découvrir l’autrice.

Station Eleven
d’Emily St.John Mandel
Traduction de Gérard de Chergé
Éditions Rivages

Cet article a 2 commentaires

  1. yogo

    J’ai failli plusieurs fois le lire mais j’ai toujours hésité… peut être qu’un jour je franchirai le pas. En tout cas tes quelques mots me donnent envie.

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