Papillons de nuit

Vous avez aimé Afterland de Lauren Beukes ? Vous allez être intéressées par Papillons de Nuit de Jane Hennigan. La Britannique comme la Sud-Africaine imagine un monde où une maladie ne frappant que les porteurs de chromosome X inverse le rapport de force entre les sexes. Et un monde où une mère se bat pour protéger son fils. Là où Afterland prenait la forme d’un road-movie à travers les États-Unis en y ajoutant une composante sur le racisme de la société (la mère est blanche, le fils noir), Papillons de nuit est centré sur la société britannique et reste « entre blancs ».
Dans le roman de Jane Hennigan, quelque temps après notre présent, le réchauffement climatique a permis la propagation d’une espèce de lépidoptères invasive. Et les écailles des papillons – appelées filaments ? – sont porteuses d’une toxine qui attaque plus particulièrement les hommes. Les plus chanceux meurent étouffés d’une sorte de pneumonie foudroyante, les autres perdent tout contrôle, deviennent violents, obsédés ou suicidaires et s’en prennent plus particulièrement aux femmes, que celles-ci leur soit étrangères ou très proches. Quarante ans plus tard, la société britannique s’est transformée : les femmes ont pris le pouvoir, et les hommes encore vivants sont parqués dans des instituts pour les protéger, mais également à des fins de reproduction et de plaisir. En gros, des hospices couplés à des maisons closes… Dans cet univers, nous suivons Mary, une septuagénaire travaillant comme aidante dans l’un de ses instituts. Elle va se retrouver mêlée à une lutte de pouvoir entre partisanes d’un contrôle strict des hommes et idéalistes voulant améliorer leur mode de vie. Et se rappeler la vie d’avant, celle qu’elle avait avec son mari et son fils et les premiers temps de l’épidémie.
Est-ce que Papillons de nuit est un roman féministe ? Pas vraiment. Comme souvent, la société des femmes entre elles n’a guère à envier en termes d’abus de pouvoir et de violence à la société mixte à tendance patriarcale dans laquelle nous vivons. En revanche, les différentes femmes présentées – celles qui comme Mary ou Olivia se souviennent du monde d’avant, comme les plus jeunes qui voient les hommes comme des êtres fragiles et inférieurs à protéger – sont plutôt bien présentées avec différentes nuances. Sauf peut-être les antagonistes qui apparaissent aussi clairement malfaisantes d’un méchant d’un film de James Bond. Le fait d’avoir une protagoniste âgée qui n’est pas une superhéroïne est assez rare pour être apprécié. Est-ce un bon livre ? Disons qu’il se lit plutôt bien, hormis une scène entre Mary et son fils aîné assez écœurante. Et que le traducteur a fait un excellent travail faisant sourire la lectrice quand il glisse au détour d’une conversation, une allusion à Arlette Laguiller. En revanche, il ne révolutionne pas le sous-genre de la dystopie où les femmes se retrouvent entre elles. Et l’intrigue principale arrive un peu trop tard et est expédiée trop vite pour qu’il soit appréciable comme thriller. Prenez-le si vous souhaitez une lecture rapide dans les transports, mais n’en attendez pas grand-chose de plus.

Papillons de nuit
De Jane Hennigan
Traduction de Gilles Goullet
Éditions J’ai Lu

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