Le Long Chemin du retour

Chez certains auteurs, même les œuvres mineures sont des purs moments d’évasion et découvertes. Tel est le cas de nombreux livres de Robert Silverberg. Notamment Le Long Chemin de retour, un roman de 2002 abordant un thème connu et reconnu : le passage à l’âge adulte. Notre histoire commence sur Patrie où Joseph Maître Keilloran est en voyage d’agrément chez ses lointains cousins à des milliers de kilomètres et un continent au nord du domaine dont il héritera. Une nuit, son monde s’effondre : le Peuple, les premiers humains qui ont colonisé Patrie se révoltent contre les Maîtres (la deuxième vague de colonisation, une histoire similaire à celle servant de base à Wombs) et tout le domaine où il se trouve est détruit et tous les Maîtres sont morts. Joseph va donc fuir et tenter de regagner sa propre demeure. Commence alors pour cet adolescent de 15 ans un périple ardu et une découverte de son monde natal sous des angles qu’il n’avait jamais connu.
Patrie est un monde où les deux ethnies humaines — le Peuple et les Maîtres — ont chacun leurs langues et leurs propres coutumes, leurs propres versions de l’histoire
de la planète. C’est également un monde où plusieurs races sentientes indigènes avec elles aussi leurs langages, leurs croyances et leurs histoires existent. Et Joseph qui, en bon futur chef de Maison, a appris les trois langues principales (le maître, le peuple et l’indigène commun), mais n’ai connu que la version maître de la colonisation et de l’histoire de Patrie va au fur et à mesure de ses rencontres perdre peu à peu ses illusions sur son univers. Les espèces natives de la planète sont tellement indifférentes aux humains qu’elles continuent à vivre leurs vies et mener leurs affaires en réduisant au minimum leurs contacts. Quitte à utiliser Joseph comme un outil médical et une monnaie d’échange entre eux. Et quand il finira par tomber sur des humains, ceux-ci appartiennent au Peuple et il va découvrir comment ceux-ci vivent et que ceux-ci ne sont pas si différents que l’ethnie d’où il vient. Et si la fin est rapide et l’égaré rentre au bercail, elle est suffisamment ouverte pour se dire qu’il va faire évoluer les relations dans son petit coin du monde.
Comme tous les romans de passage à l’âge adulte, le principal intérêt de Le Long Chemin de retour est l’évolution de Joseph lui-même, aussi bien de la façon dont il perd peu à peu ses illusions, que sur la façon dont il se débrouille pour survivre seul ou en demandant et acceptant l’aide de personne hors de sa caste. Le monde de Patrie lui-même est également intéressant avec les différentes créatures qui le peuplent et leurs coutumes. Avec une mention spéciale pour les noctambulos et leur double personnalité (une diurne et une nocturne) qui mériteraient presque leurs propres histoires. Ce roman m’a néanmoins laissé un goût d’inachevé au sens où j’aurais voulu peut être un ou deux chapitres sur la façon dont Joseph a intégré son expérience une fois de retour dans son rôle de maître. Néanmoins, j’ai pris énormément de plaisir à le lire, et je le relirai surement.

Le Long Chemin de retour
d
e Robert Silverberg
traduction de Raphaële Provost
Éditions
Le Livre de poche

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