La Mer de la tranquillité

D’Emily St.John Mandel, je n’avais lu – en pleine pandémie liée au Covid-19 – que Station Eleven. Ses autres romans, hors imaginaire, ne m’avaient pas donné envie de les lire. Avec La Mer de la tranquillité, l’autrice revient à la science-fiction en situant une partie de l’intrigue sur la Lune et en y ajoutant une touche de voyage temporel. La magie opère-t-elle de nouveau ?
Tout commence dans les bois de Caiette sur la côte ouest du Canada. Là, des gens entendent parfois au milieu des bois une berceuse jouée au violon au milieu d’un aéroport suivi d’un engin au décollage. Sauf que… Ce bruit s’entend au moins depuis 1912 et que son histoire se poursuit jusqu’au 25
siècle. D’où vient-il ? Et quel rapport entretient-il avec Olive Lewellyn, l’écrivaine du 23siècle ?
En sautant à travers les époques, l’autrice nous raconte une histoire ou plus exactement une enquête sur l’origine mystérieuse de ces bruits, en nous dépeignant différentes tranches de vie. Du rentier anglais Edwin exilé au Canada aux frères et sœurs Gaspery et Zooey issu des quartiers défavorisés de la Colonie lunaire deux, en passant par une femme qui a perdu son statut social avec une sale histoire de pyramide de Ponzi et une autrice en tournée planétaire pour promouvoir son livre alors qu’un nouveau virus fait son apparition… Cette structure d’histoire (que l’on retrouve dans
Lorsque le dernier arbre de Michael Christie, autre auteur canadien, ou La Cité des arbres et des oiseaux d’Anthony Doerr pour citer deux titres récents) est assez décousue au départ, mais se révèle plaisante. Même si elle entraîne un certain déséquilibre, la seconde moitié du livre se consacrant plus à l’enquête elle-même. Si vous avez l’habitude des histoires de voyages dans le temps et de paradoxe, la solution est prévisible. De même Emily St.John Mandel utilise certes des thèmes chers à la science-fiction, mais elle ne s’appesantit pas ni sur le fonctionnement du voyage temporel, ni sur la façon dont les Colonies fonctionnent dans le système solaire ou au-delà. Tout au plus mentionne-t-elle des machines chargées d’assurer une gravité artificielle et des dômes qui normalement simulent le ciel terrestre. La magie de La Mer de la Tranquilité n’est pas non plus dans la résolution de l’énigme, mais dans la façon dont le récit est amené et dans la galerie de personnages présentés qui, quelles que soient leurs importances dans l’histoire, sont assez étoffés pour prendre vie sous nos yeux. Notons que certains d’entre eux figuraient déjà dans L’Hôtel de verre, mais que la lecture de ce livre n’est pas indispensable pour lire La Mer de la tranquillité. La preuve, il fait partie de ceux que je n’ai pas – encore – lus.

La Mer de la tranquillité
D’
Emily St.John Mandel
Traduction d
e Gérard de Chergé
É
ditions Rivages

NB : Cette chronique s’inscrit dans le défi lecture imaginaire de 2023 concocté par Jean-Yves et Océane. Si le cœur vous dit de participer, allez lire leurs présentations et faites votre propre menu. Arbitrairement, ce livre sera dans la catégorie #M1C2. Il peut correspondre également aux catégories #M1C1, #M1C3, #M3C5, et #M4C3.

Cet article a 2 commentaires

  1. J’ai aussi beaucoup aimé la balade à travers le temps. Il n’est pas indispensable d’a voir lu l’Hôtel de Verre avant mais il me semble que c’est préférable pour comprendre les parties consacrées à Vincent et Mirella. Mais si vous avez l’intention de lire les 2 romans, il vaut mieux lire La Mer de la Tranquilité en second. 😉

    1. Ghanima

      Ben ce sera dans l’autre ordre du coup. 🙂

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