I Keep My Worries in My Teeth

Parfois le titre d’un livre est assez intrigant pour vous donner envie de le lire, même sans regarder le résumé. Le premier roman d’Anna Cox, professeure de photographie par ailleurs, en est l’exemple parfait. Malgré une couverture standard tout droit sortie d’une sitcom des années 80, I Keep My Worries in My Teeth m’a tapé dans l’œil, sans même savoir à quel genre il se raccrochait.
Été 1979,
dans une petite ville de l’Ohio au bord du lac Érié, le principal employeur de la ville est une fabrique de crayons. Quand celle-ci explose dans un accident absurde, le quotidien de tous les habitants s’en trouve bouleversé. Et plus particulièrement celui de trois femmes. Esther, d’abord, est la femme justifiant le titre. Trentenaire célibataire, elle calme ses angoisses en mordant tout et n’importe quoi. Quand, testeuse de crayons, elle se retrouve soudain au chômage technique, elle va devoir trouver un sens à sa vie. Ou peut-être un petit ami ? Frankie l’adolescente, ensuite. Fille de la propriétaire de l’usine. Elle a été privée de voix par l’explosion et va devoir se reconstruire et prendre son indépendance par rapport à sa mère. Ruth, enfin, qui tient le laboratoire photographique juste en face de l’usine. En aidant à sa façon la ville à surmonter ses traumatismes, elle va enfin faire le deuil de son mari mort des années auparavant.
I Keep My Worries in My Teeth est un roman très court, à l’opposé de mes lectures habituelles. Et pourtant, dense et loufoque, il parle de façon douce-amère de sujets graves : le deuil, le handicap, la solitude, l’indépendance des femmes…
Mais il utilise pour ce faire un ton léger et privilégie l’action à la description détaillée des sentiments, avec au passage des explications particulièrement limpides sur l’optique et l’art de la photographie. Comme Ruth, il montre à voir plutôt que dire ce que doit ressentir le lecteur. Chaque chapitre étant raconté à la première personne par l’une des trois héroïnes, le rythme varie en fonction d’elles. Si personnellement je n’ai que moyennement apprécié Esther, la vigueur de Frankie et la sagesse têtue de Ruth m’ont séduite. Plein de fantaisie, ce premier roman est un bonbon feel-good qui ne tombe jamais dans les clichés nostalgiques.

I Keep My Worries in My Teeth
d’
Anna Cox
Éditions
Little A

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