Célestopol 1922

Après un premier livre paru chez Libretto, Emmanuel Chastellière revisite la cité lunaire qu’il a inventée dans Célestopol 1922. À la différence du précédent, ce nouveau recueil de 13 nouvelles se concentre sur une période resserrée de sa dystopie (où rappelons Napoléon a été battu, la Russie est toujours un empire où la Révolution d’octobre n’a pas eu lieu et où le fils de l’impératrice rivalise avec la puissance de sa mère depuis la Lune) à savoir de janvier 1922 à janvier 1923.
Comme dans le précédent, Célestopol 1922 nous entraîne dans un
e ville steampunk où humains, automates, chats et autres créatures plus ou moins surnaturelles. De même, s’il est toujours aussi agréable de se promener le long des canaux de sélénium au fil des mots, les différentes nouvelles composant cet ouvrage sont fortement empreintes de mélancolie et si certaines sont porteuses d’espoirs, d’autres ont une fin tragique. Nous y retrouverons certains personnages comme le duc, son majordome automate et sa maîtresse, le couple de mercenaire femme et ours ou un voleur toujours fourré là où il ne faut pas ou un certain casino flottant. Et nous croisons de nouvelles têtes : une adolescente coupable, une jeune épouse éprise de son peintre, de mots et d’indépendance, une pilote de l’Aéropostale ou une femme trahie une fois de plus par son ancien amant.
D’un texte à l’autre, nous passons donc à travers les différentes strates de la société lunaire : des prolétaires et enfants perdus des sous-sols à la noblesse amatrice de peinture et de grande musique. Et parfois l’action se déplace sur un globe bleu voisin comme dans Toung
ouska et sa menace nucléaire, La Malédiction du Pharaon débutant au Caire ou Katarzyna et sa boucle temporelle (à ce sujet, bien qu’elle mette en scène une pilote de l’Aéropostale, c’est à mon avis l’histoire la plus malaisante et la moins réussie du recueil). Certains récits comme Mon Rossignol, Memento Mori ou Danse avec le chaos sont de véritables crève-cœurs, tandis que La Fille de l’hiver ou Un Visage de cendres fleurtent ouvertement avec l’horreur ou le fantastique. Si Paint Pastel Princess m’a laissée indifférente, j’ai en revanche grandement apprécié le côté vif de Le Revers de la médaille ou l’ironie mordante du Correcteur de fortune ou d’Une nuit à l’opéra Romanova (disponible gratuitement sur le site de l’éditeur). Mais la plus symbolique et la plus fidèle à l’atmosphère fantasque et douce-amère de Célestopol est Sur la glace. Un pur moment de douceur entre automate et humains. Et un recueil à dévorer ou à picorer, encore plus réussi que le premier.

Célestopol 1922
d’
Emmanuel Chastellière
Éditions
L’Homme sans nom

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