Oh une nouvelle saga au fin fond des étoiles, comme c’est tentant ! Et d’une autrice jusqu’ici inconnue ? Et en plus, un pavé d’une belle taille. Le jour du souvenir de Bethany Jacobs, premier tome de La constellation des ombres, a tout pour intriguer la lectrice friande de space opera que je suis. Et malgré une construction assez étrange, qui s’explique dans le retournement final du livre, il est passionnant. Accrochez-vous pendant les premiers sauts temporels, ensuite cela passe tout seul.
De quoi s’agit-il ? Nous sommes dans un futur lointain où l’Humanité adore plusieurs dieux et s’est installée dans un recoin de l’espace nommé le Treble. Là, elle est régie par un mélange entre théocratie administrative et oligarchie économique. Quand, sur le marché noir circule un support montrant la preuve que l’une des familles les plus importantes du Treble et une partie de la caste dirigeante sont responsable d’un des pires génocide depuis que l’espèce humaine a quitté la Terre, une course-poursuite entre ceux qui veulent mettre la main sur cet objet pour le détruire et ceux qui veulent s’en servirent comme monnaie d’échange.
Le résumé est classique, mais la façon dont Bethany Jacobs crée son monde et ses personnages est particulièrement intéressante. Et les liens entre les grandes familles et les différentes sections de l’administration théocratiques, les Mains, sont également bien pensés. Un autre élément particulièrement appréciable de ce space opera, et c’est surement dû au fait qu’il soit écrit par une autrice, c’est que la majorité des personnages principaux sont du genre féminin (dans l’univers, une autodétermination qui intervient à l’âge adulte et n’est pas liée à la configuration corporelle du moment), sans pour autant tomber dans des rôles stéréotypés liés à leur genre. Il y a des scènes violentes, et sexuelles, mais qui ne sont pas là juste pour faire du remplissage de pages ou appâter le client (oui, Peter Hamilton et Richard Morgan, on vous sait). Alors que l’histoire compte son lot d’éléments qui semblent faire partie de l’ADN du genre : intrigues politico-familiales à grande échelle, combats épiques (de rue comme dans l’espace), personnages ambigus quand ils ne sont pas franchement détestables, planètes toutes plus exotiques les unes que les autres, etc.
Ce premier volume s’il s’ouvre sur une fin ouverte, a l’avantage de pouvoir se lire seul sans frustration. C’est une belle épopée qui, si elle ne révolutionne pas le space opera, lui donne un coup de fraîcheur appréciable à une période où les éditeurs francophones sont de plus en plus frileux et hésitent à trouver de nouvelles plumes. Et pour les plus inquiets, le tome 2 est déjà sorti en anglais et le tome 3 ne devrait plus tarder.
Le jour du souvenir – La constellation des ombres t.1
De Bethany Jacobs
traduction de Patrick Dechesne
Éditions J’ai Lu