À force de voir passer dans les fils de lecteurs et lectrices des commentaires élogieux sur Prodigieuses créatures, la traduction française de Remarkable Creatures de Tracy Chevalier, et aimant personnellement les fossiles (mais pas au point d’arpenter le rivage anglais en hiver à chaque marée basse), je ne pouvais qu’être intriguée par ce livre. Et l’ayant trouvé en version originale dans la librairie de mon lieu de vacances, je me suis plongée dedans.
Le résultat est… mitigé. Autant je suis ravie d’en savoir plus sur Mary Anning et Elizabeth Philpot, deux pionnières dans la recherche des fossiles marins et dans leurs études, autant j’ai trouvé le style de l’autrice un peu trop « alangui » et « mélodramatique » à mon goût. Tracy Chevalier a fait le choix de raconter son histoire en y instillant une forte dose de romance et de rivalité/jalousie entre les deux femmes qui, horreur pour l’époque, resteront célibataires (ou plutôt « vieilles filles ») et se chamaillent et se boudent comme des adolescentes dans une telenovela pour l’attention d’hommes qui ne cherchent qu’à profiter de leurs talents de dénicheuses de « curies » à intégrer dans leurs collections de curiosités à montrer au beau monde. Et cette partie-là, tout comme les atermoiements de la plus jeune sœur Philpot, me donnait souvent enfin de sauter des paragraphes entiers.
La partie recherche des dites curiosités, et la façon dont peu à peu, les deux femmes et le monde autour d’elles comprennent qu’il s’agit des restes d’animaux depuis longtemps disparus et non de « crocodiles déformés » ou de « serpents enroulés » est nettement plus intéressante. Et notamment la partie concernant les débats entre ce que leur prouvent les objets qu’elles trouvent sur le rivage et la science derrière, et ce qu’enseigne l’Église. Comment réconcilier les faits avec les sept jours consacrés à la Création par Dieu dans la Genèse ? La façon dont le grand public s’emballe puis se désintéresse de cette mode est également particulièrement intéressante. Tout comme le regard que porte Elizabeth Philpot sur les musées londoniens et leurs façons de s’approprier et de présenter leurs pièces.
Au final, Remarkable Creatures est sur le fond un livre très intéressant pour qui s’intéresse à la paléontologie et à l’histoire des sciences au-delà des gros dinosaures à la Jurassic Park. Et je l’ai lu avec plaisir. Mais l’écriture de l’autrice et certains de ses choix scénaristiques font que je ne lirai pas d’autres livres d’elle, sauf si le sujet qu’elle aborde me passionne.
Remarkable Creatures
de Tracy Chevalier
Éditions Harper Collins