Fahrenheit 451

Pour sa première incursion dans la bande dessinée, ActuSF choisit l’adaptation d’un classique de la science-fiction, Fahrenheit 451. Parue en 1953, la dystopie de Ray Bradury est toujours, hélas, d’une criante actualité près d’un demi-siècle plus tard, alors que le bannissement de livres et la censure se portent plutôt bien des deux côtés de l’Atlantique. Pourtant, le texte est daté et mérite bien un coup de toilette. C’est ce que propose Víctor Santos, dans l’album du même nom qui reprend la trame du roman d’origine en 160 pages.
La première chose qui frappe dans cette bande dessinée c’est le style très graphique et épuré de l’artiste. Les visages sont anguleux, les couleurs posées par grands aplats. Les ombres dominent, et le texte n’est pas omniprésent. Ce qui le rend encore plus précieux quand il apparaît et pousse la lectrice à y être plus attentive.
D’autant que le positionnement des cases et des bulles lui-même met en valeur les mots.
La deuxième
chose est la façon dont l’album est, comme le livre, découpé en trois actes. Chacun a sa tonalité et ses nuances. Dans le premier acte, le protagoniste nous est montré dans son quotidien et la façon dont il tire fierté de son travail. Jusqu’à ce que des discussions avec sa jeune voisine insinuent le doute dans son esprit. Dans le deuxième, il est en pleine crise et essaie de retrouver ce qui lui manque en allant à l’encontre de sa vie antérieure jusqu’à se retrouver piégé. Et dans le troisième, en fuite, il rencontre un groupe de vagabonds bibliothèques et une forme de paix et d’espoir. Dans ce dernier acte, le trait de Víctor Santos s’adoucit, s’enrichit de nouveaux détails et le propos devient plus philosophique.
L’album reprend donc fidè
lement l’histoire du roman telle qu’elle est parue dans sa première édition sans les ajouts que Bradbury fera sur le texte et le paratexte dans les années suivantes, ni les modifications apportées à l’histoire par le film de François Truffaut. Le tout est un ensemble plus que satisfaisant, et certaines cases de l’album ont un fort potentiel de mèmes dans les années à venir. Une bonne entrée en matière pour Ithaque, la nouvelle collection graphique d’ActuSF. Je n’ai qu’un tout petit bémol : j’aurais aimé une traduction des croquis proposés en fin d’ouvrage montrant comment les personnages ont été conçus.

Fahrenheit 451
De Víctor Santos adapté du roman du même nom d
e Ray Bradbury
Traduction de
Jacques Fuentealba
Éditions
ActuSF

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