Les histoires de maison hantée sont un des classiques de l’horreur qui peut très bien me séduire aussi bien en film qu’en livre, ou au contraire, me décevoir quand il est mal utilisé. Et quand je suis tombée sur un titre de roman étrange The Spite House, j’ai été intriguée. D’ailleurs pour les gens qui sont curieux, la version anglo-saxonne de Wikipedia recense 23 de ces « maison de la rancune » existant bel et bien dans le monde réel et construites exclusivement ou presque pour enquiquiner le voisinage. On peut supposer que pour leurs locataires ou pour les commerces qu’elles hébergent que ces construction ne sont pas aussi dangereuse que le bâtiment de ce roman.
L’histoire se passe au Texas, où la richissime propriétaire d’une maison très biscornue cherche des gens pour vivre dedans et lui faire un compte-rendu des événements insolites qu’ils y constateront. Elle recrutera Eric, un père en fuite avec ses deux filles, Dess et Stacy, avec un lourd passé et sa propre expérience avec les revenants. Et de fil en aiguille, les secrets de la maison, de la ville et de la famille qui y emménage vont remonter à la surface de façon terrifiante.
Je ne connaissais pas Johnny Compton avant de lire ce roman, mais il bénéficie outre-Atlantique de bons échos pour ses histoires plus courtes et son podcast, Healthy Fears. Afro-américain, il aborde la question des races de manière frontale, en décrivant une famille de noirs américains loin des clichés véhiculés par les séries TV et les films d’Hollywood. Et dans les récits de maisons hantées, c’est encore assez rare à ma connaissance. À ce sujet, si vous avez des récits d’une perspective similaire que ce soit de la part d’écrivains aux Amériques, en Europe ou en Afrique, n’hésitez pas à me le recommander. Le racisme et les différences de classe sont au cœur du récit, aussi bien dans le présent (2019 dans le livre) que dans le passé expliquant la construction, puis la hantise du manoir donnant son titre au roman.
Chaque chapitre est raconté du point de vue d’un personnage, vivant ou revenant, et certains moments-clés sont présentés par différents points de vue. Tout en évitant de se répéter, et donc en gardant frais l’intérêt de la lectrice. De même, le récit n’arrête pas de faire des sauts dans le temps que ce soit en explorant le passé de la maison et de la ville où elle se situe ou celui d’Eric et de ses filles et de la raison qui les a poussés à prendre la route. Le tout forme pourtant un récit très facile à suivre, prenant et particulièrement attachant. L’amour que se porte Eric, Dess et Stacy est palpable tout comme la crainte que les deux plus vieux portent à la troisième qui, à lire le roman, semble du haut de ses 7 ans, plus ‘fragile comme une bombe que fragile comme une fleur’. Dans ce récit, l’auteur joue parfaitement sur l’angoisse, la terreur et la rage sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée dans ses pages ! Une fois lancée dans l’histoire, j’ai eu le plus grand mal à m’en détacher pour les activités du quotidien. Et dans la foulée, j’ai entamé Devils kill Devils, le deuxième de ses romans, qui lui commence directement par un meurtre particulièrement brutal. Sera-t-il aussi séduisant ?
The Spite House
de Johnny Compton
Éditions Tor
